Des Palestiniens arrêtés après avoir tenté de prendre un autobus pour Jérusalem


Publié le 15 novembre sur le site sympatico.ca

POINT DE CONTRÔLE HIZMA, Territoire palestinien - Six militants palestiniens pacifistes ont été expulsés d'un autobus israélien par la police, mardi, alors qu'ils tentaient de se rendre à Jérusalem dans le cadre d'une campagne visant à dénoncer des mesures jugées discriminatoires contre les Palestiniens de Cisjordanie.

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 AHMAD GHARABLI / AFP
Deux "Voyageurs de la liberté" dans un autobus israélien

Les militants ont été arrêtés puis relâchés quelques heures plus tard, selon un militant pro-palestinien, Jonathan Pollack.

Le geste provocateur des militants palestiniens a été hautement médiatisé, dans une volonté d'attirer l'attention sur ce qu'ils estiment être des mesures discriminatoires contre les résidants de Cisjordanie, en particulier en ce qui concerne les déplacements.

La campagne montre comment certains Palestiniens entreprennent des actions pacifiques afin soutenir l'établissement d'un État en Cisjordanie, où l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, appuyée par les pays occidentaux, dirige un gouvernement modéré.

«Nous voulons montrer le système de discrimination dans lequel nous vivons ici. Mon objectif n'est pas d'aller en prison, mais plutôt d'avoir la liberté de prendre un autobus», a expliqué Badia Dwaik, un fonctionnaire âgé de 38 ans, peu avant d'être expulsé de l'autobus numéro 148 de l'entreprise Egged, qui dessert les colonies israéliennes de Cisjordanie.

Les autorités israéliennes affirment que les restrictions de déplacement imposées aux Palestiniens sont nécessaires pour empêcher les extrémistes d'entrer en Israël ou dans les colonies de Cisjordanie afin de perpétrer des attentats.

Les restrictions de déplacement se sont accrues depuis la deuxième Intifada palestinienne (2000-2005), une période pendant laquelle les autobus israéliens étaient régulièrement attaqués par des kamikazes.
Les militants pacifistes qui ont tenté de prendre l'autobus mardi se sont baptisés les «Voyageurs de la liberté» («Freedom Riders»), en référence aux militants américains des années 1960 qui tentaient de contrer la discrimination raciale dans le sud des États-Unis en contrevenant aux lois ségrégationnistes.
En Cisjordanie, où vivent 2,5 millions de Palestiniens et quelque 300 000 colons israéliens, les deux communautés empruntent généralement des autobus différents.

Même si aucun règlement n'interdit officiellement aux Palestiniens de se déplacer dans les autobus israéliens, ils ne sont généralement pas admis dans les colonies desservies par les autobus en question. Les Palestiniens doivent aussi être munis d'un permis pour entrer à Jérusalem.

La manifestation de mardi a commencé à un arrêt d'autobus situé près de la colonie israélienne de Migron. Les trois premiers autobus de la ligne 148, apparemment prévenus de l'action des militants palestiniens, ont accéléré en passant devant l'arrêt. Mais un quatrième autobus s'est arrêté.

Maggie Amir, une résidante de la colonie Rimonim âgée de 48 ans, qui attendait dans l'autobus, a estimé que les Palestiniens ne devraient pas être autorisés à y monter.

«C'est notre autobus», a-t-elle dit. «Pour dire les choses simplement, nous avons peur d'eux», a-t-elle ajouté.

Les militants palestiniens ont payé leur passage et sont montés dans l'autobus, alors que les journalistes se bousculaient pour les suivre à bord.

Le militant Badia Dwaik s'est assis à une rangée d'Haggai Segal, un Israélien de la colonie Ofra qui a déjà été emprisonné pour avoir organisé un attentat à la bombe qui a grièvement blessé un maire palestinien. Les deux hommes ne se sont pas adressé la parole.

Des dizaines de journalistes entouraient les six militants, qui portaient des t-shirts arborant les mots «justice» et «liberté». Plusieurs portaient le keffieh, le traditionnel foulard palestinien noir et blanc.

Après un trajet de 20 minutes, l'autobus s'est arrêté au point de contrôle d'Himza, en périphérie de Jérusalem. La police israélienne est montée dans l'autobus et a demandé aux militants de présenter leur permis d'entrée à Jérusalem. Mais les militants n'avaient pas de permis et ils ont refusé de descendre de l'autobus.

«Je n'obéirai pas à vos lois discriminatoires», a dit Badia Dwaik à un policier israélien, s'adressant à lui en arabe.

«Vous êtes alors en état d'arrestation», lui a répondu le policier en arabe.

«Parfait. Je ne bougerai pas», a répliqué M. Dwaik.

Une heure plus tard, les militants palestiniens ont été expulsés de l'autobus et emmenés dans un poste de police à proximité. Le poste était situé dans les limites de la ville Jérusalem, ce qui a en quelque sorte permis aux militants d'atteindre leur destination.

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