Engl,French:
http://www.gettingthevoiceout.org/violences-policieres-torture-psychologique-enfermement-deportation-illegale-lhistoire-de-medoune-ndiaye-et-de-beaucoup-dautres-sans-papiers/
Le mardi 6 juin 2017, un ressortissant du Sénégal nommé Médoune Ndiaye,
membre de la Voix des Sans Papiers (VSP) de Bruxelles, a été expulsé par
un vol Brussels Airlines vers Dakar. Il a été arrêté fin mars à Virton,
puis enfermé au centre de rétention pour étrangers de Vottem (Liège).
Des conditions d’enfermement carcérales, le manque d’informations lié à
son incarcération, son arrestation pendant laquelle il a été molesté
(doigt cassé), l’absence de soins médicaux (refus de donner des
antalgiques), la rétention d’informations sur son dossier médical, les
intimidations répétées du centre fermé et de la police… Les centres
fermés pour étrangers sont des machines à expulser. Pour préparer ces
expulsions, il faut casser la résistance des détenus par l’enfermement,
par la torture psychologique; jusqu’à appliquer une mesure d’isolement,
ce que Médoune a subi pendant plusieurs jours.
L’Office des étrangers a très rapidement émis un ordre d’expulsion.
L’ambassade du Sénégal a ensuite octroyé un laissez-passer sans aucune
enquête ni même de contact avec l’intéressé. Après une première
tentative d’expulsion, Médoune Ndiaye a été emmené le 6 juin à
l’aéroport. Une douzaine de policiers l’attendaient. Il a demandé à
parler à son avocat, dans le cadre d’une procédure de plainte qui été
déposée contre la Police de Liège. Ce droit lui a été refusé, sous
prétexte que la plainte aurait été annulée, ce qui est faux. S’en
suivirent des menaces, des violences. Un policier l’a maintenu au sol,
un autre s’est assis sur lui et plusieurs l’ont frappé, l’empêchant
aussi de respirer, jusqu’à ce que Médoune perde connaissance. Pendant ce
temps, il a été sanglé, menotté sans qu’il s’en rende compte. Contraint
de monter dans l’avion avec deux policiers qui le menacent : « Même si
tu meurs, tu vas rentrer chez toi » ; il les entend parler avec le
commandant de bord en néerlandais. Médoune s’est alors débattu et a
cassé des objets autour de lui. Les deux policiers l’ont alors battu à
nouveau. Personne dans l’avion, ni le personnel de bord ni les
passagers, n’est intervenu. Une hôtesse de l’air lui a demandé de se
calmer, mentionnant que récemment un autre homme avait été battu, qu’il
avait eu les dents cassées et que même en perdant du sang, ils l’avaient
expulsé. Avant d’atterrir, les deux policiers ont parlé d’une éventuelle
prise en charge médicale une fois à Dakar. Menotté, il a été mené aux
autorités sénégalaises représentées par la gendarmerie. Mention a été
faite d’un dossier mensonger le concernant, l’accablant de diverses
accusations de vol dans les marchés, des cambriolages en Belgique. Ce
document était écrit en néerlandais. Médoune a demandé une copie, ce qui
lui a été refusé. Il a aussi questionné la gendarmerie, qui ne s’oppose
pas à recevoir un document dans une langue étrangère, qui l’accepte sans
question sur son état physique évident. Médoune s’est alors énervé
contre les gendarmes, lesquels l’ont à leur tour menacé d’enfermement.
Deux passagères sont intervenues pour le défendre afin qu’il puisse
sortir sans autre charge. Les gendarmes ont refusé d’appeler une
ambulance, lui demandant de déguerpir et de se débrouiller pour aller à
l’hôpital.
Deux côtes cassées, le corps molesté et meurtri, il a aussi subi le vol
de la moitié de l’argent qu’il avait avec lui et de son portable, sans
savoir à quel moment ça s’est passé.
Voilà les résultats concrets de la politique mise en oeuvre par Théo
Francken, qui consiste à fermer les frontières, et à expulser 1000
personnes supplémentaires chaque année en augmentant les détentions!
Nombre de décisions qui touchent les sans papiers directement sont
émises par des instances européennes et nationales dont le caractère peu
transparent et peu démocratique n’est plus à démontrer.
Les membres du collectif VSP, dont Thierno Malik (toujours détenu à
Vottem) et Médoune Ndiaye, en paient les conséquences directes. Ces
derniers temps, d’autres collectifs de sans-papiers ont également fait
l’objet d’une répression réaffirmée. Quand les dirigeant.e.s européens
se targuent de promouvoir la paix et les droits de l’homme à travers le
monde, les sans-papiers d’Europe se terrent et longent les murs. Cette
politique se moque en fait de la dignité humaine et de droits qui sont
en théorie inaliénables.
Nous interpellons les autorités sénégalaises, belges et les instances
européennes sur ces faits graves, et nous appelons les citoyens à
dénoncer à nos côtés ces rafles, ces conditions d’enfermement, ces
rétentions « administratives » et ces expulsions. Nous soutenons Médoune
Ndiaye ainsi que tou.te.s les détenu.e.s en centres fermés dans le
combat pour la justice, la liberté et la dignité mené courageusement par
ces hommes, ces femmes et ces enfants.
Premiers signataires : Voix des sans-papiers Bruxelles, SOS Migrants
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