gettingthevoiceoutnewsletter] Ami(e)s Algérien(ne)s cachez-vous ! La chasse est ouverte – 08/12/2016

Ami(e)s Algérien(ne)s cachez-vous ! La chasse est ouverte – 08/12/2016
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http://www.gettingthevoiceout.org/amies-algeriennes-cachez-vous-la-chasse-est-ouverte-08122016/



Pendant que la Belgique  tente de renforcer « la coopération policière
avec l’Algérie » sans succès
http://www.lalibre.be/actu/belgique/la-belgique-tente-de-renforcer-la-cooperation-policiere-avec-l-algerie-58494a23cd709a48787c4049
et que Théo Francken nous déclare par twitter qu’ils continuent à
travailler « derrière l’écran », la chasse continue.

Plusieurs dizaines d’Algériens croupissent depuis des mois, voire un an,
dans nos centres fermés, et nous apprenons ces jours-ci encore que
d’autres voient leur maison  assiégée par une dizaine de policiers armés
au petit matin, devant femmes et enfants et amenés en centre fermé en
vue d’une expulsion, expulsion improbable vu l’absence d’accord et le
refus du consulat d’Algérie dans la majorité des cas de délivrer un
laissez-passer…

Serait-ce ça, « le travail derrière l’écran » de Théo Francken ?
Utiliser les concerné(e)s et leurs familles comme des otages pour faire
pression sur l’Algérie ?

Trois témoignages :

Aujourdhui

Une femme nous téléphone: ils sont mariés officiellement à la commune,
ils ont 2 petits enfants, le plus jeune a 8 mois. Ils sont Algériens.
Elle a une carte de résidence de 5 ans, lui n’a pas de papiers. On lui a
dit à la commune qu’il devait attendre. Dix policiers sont venus à 5
heures du matin il y a 3 jours réveiller tout le monde pour prendre
Monsieur et l’amener en centre fermé. Elle est désespérée et ne comprend
pas. Nous non plus…

Un homme arrêté il y a 5 jours chez sa copine Belge. Ils l’auraient
retrouvé par sa carte Lyca dans le cadre d’une enquête terroriste. Sept
combis, pleins de policiers pour venir l’arrêter et l’amener en centre
fermé.

Témoignage d’un soutien recueilli auprès d’un homme qui VEUT rentrer au
pays et qu’il titre:
“ABSURDITÉ”

Un jeune Algérien de 21 ans veut témoigner pour lui et d’autres de
l’absurdité et des mauvais traitements des situations vécues en centres
fermés. Les détenus n’ont pas accès à des informations fiables. Ils
ignorent ce qui se passe sur leur propre situation. Les avocats ou
assistants sociaux des centres ne semblent pas aider non plus. Quand un
détenu dit être malade, on l’envoie au cachot où il perd tout contact.

M. est arrivé en Belgique il y a 3 ans, il avait alors 18 ans. Il s’est
retrouvé parmi d’autres jeunes laissés pour compte, et a commis quelques
vols pour subsister. Sans logement, sans revenus, la vie était dure, il
a payé pour cela dit-il. Il veut poursuivre sa vie dignement. Maintenant
il aimerait que sa situation  se clarifie. Il dit accepter de retourner
en Algérie mais apparemment on ne le renvoie pas, mais on ne le libère
pas non plus. Il est en centre fermé sans aucune prise de décision dans
un sens ou dans l’autre. “Je ne comprends rien”, dit-il, “j’accepte de
rentrer en Algérie mais on ne me renvoie pas”. Il veut une décision
claire mais ne pas rester en centre fermé où ce n’est pas une vie. Il
dit que le ministre belge est allé en Algérie cette semaine mais
qu’apparemment rien n’a bougé. Le consulat ne semble pas vouloir donner
de laissez-passer pour revenir en Algérie.

Et un autre témoignage :

M. a 37 ans, il est d’origine algérienne et est détenu à Merksplas. Il a
été arrêté alors qu’il faisait ses courses, “Je suis rentré dans un
magasin et devant tout le monde, alors que je faisais mes courses, ils
m’ont embarqué. Je ne comprends pas, je suis légal, pas clandestin, j’ai
un numéro provisoire et j’ai déposé une demande officielle à l’OE,
j’attends la réponse, j’ai une adresse. Pourquoi ils ne sont pas venus
chez moi ? Devant tout le monde c’est pas normal, je ne suis pas un
terroriste  !”
M. a déposé une demande de séjour pour raisons médicales (9ter). Suite à
un premier refus, il a déposé un recours et est actuellement en attente
d’une réponse. Au centre fermé à Bruges, on lui répond qu’il n’y a
aucune trace ni du recours, ni de son dossier médical. Quand il explique
qu’il a déjà subi 3 opérations aux jambes suite à un grave accident de
la route et que son dossier se trouve à l’hôpital d’Ixelles, on lui
répond “nous on s’en fiche, on a ton passeport et aucune trace de
dossier médical, on te renvoie dès que possible”. Quand il explique
qu’il a une autre opération prévue dans deux semaines, qu’il faut le
laisser terminer au minimum ces soins, on lui répond encore : “Que tu
veuilles ou que tu veuilles pas, c’est l’Algérie”.
“Ici c’est le Guantanamo belge, il n’y a pas de Croix Rouge, pas de
droits de l’homme, rien. J’ai vu une assistante sociale après deux jours
ici, elle a téléphoné en flamand à l’OE, j’ai rien compris et puis elle
m’a dit : ‘pas de recours et pas de dossier médical, tu dois partir dans
15 jours !’ Pendant ce temps, M. attend dans la douleur, son état de
santé nécessite un encadrement strict: médicaments, séances de kiné,
etc., le médecin sur place ne juge pas nécessaire de poursuivre le
traitement que le dossier médical prescrit : ” J’ai reçu des
antidouleurs un peu mais normalement j’ai besoin d’un gel pour la
douleur, mais le médecin m’a dit que je n’en avais pas besoin ici, comme
pour le kiné !”

Vendredi 02 décembre, M. apprend qu’une réservation pour le vol du
lendemain matin a été faite à son nom, il sera expulsé à 14h. “Je ne
comprends pas, on me dit que je vais aller à l’aéroport et que si je ne
veux pas monter dans l’avion, je n’ai qu’à le dire là-bas. Ça n’a pas de
sens, je veux pas y aller et mon avis sera le même demain. Je ne
comprends pas, je ne comprends pas, ça ne sert à rien, ils veulent me
faire craquer ou quoi !” M. craint qu’on le contraigne physiquement, il
n’est pas en état de se défendre et se déplace avec deux béquilles. Il a
besoin de parler, et pourtant M. est isolé de toutes les manières
possibles : on lui retire son téléphone, le jour-même et il est
transféré dans un autre bloc, impossible de joindre sa famille ou ses
amis pour les tenir au courant de l’évolution de la situation. Tout le
monde attend….