QUEL AVENIR POUR LE PEUPLE SYRIEN ?



Source: Trocaire (CC)

Depuis quelques semaines, les combats font de nouveau rage à Alep. Les images qui nous parviennent sont horribles et bouleversantes: des hopitaux bombardés, des enfants que l'on extirpe des décombres et la dévastation généralisée de la ville nous rappellent que le peuple Syrien subit depuis déjà 5 ans une terrible guerre civile, attisée par l'intervention de nombreux autres pays.

Il y a un mois, il semblait encore y avoir de la place pour un optimisme prudent: un cessez-le-feu était négocié entre l'alliance Russo-Syrienne et la coalition Occidentale, sous commandement US. Bien que certains groupes (dont Daesh et Al-Nosra) n'en fassent pas partie, il semblait y avoir la possibilité d'offrir un peu de répit à la population épuisée par les combats incessants. Mais ce cessez-le-feu s'est progressivement effondré, et chaque camp a repris les armes ces dernières semaines, avec comme exemple le plus triste, la reprise des combats intenses entre groupes rebelles et armée syrienne à Alep.
La fin du cessez-le-feu est, en partie, à mettre sur le compte de l'alliance Occidentale: le 17 septembre, des bombardiers américains ont attaqué des positions de l'armée syrienne à Deir Al-Zour, malgré la trève qui était encore d'actualité. Depuis lors, la situation n'a fait qu'empirer: les différentes factions ne se soucient plus de la population qui, prise entre l'enclume et le marteau, est la principale victime de cette guerre impitoyable.
Le appels répétés à l'annihilation militaire du régime Assad nous remémorent les appels au renversement du régime de Kadhafi en Libye en 2011. Là aussi, il y avait un certain concensus entre politiques et médias: la chute de Kadhafi mènerait à une meilleure Libye. Cinq ans après l'intervention, il y a trois “gouvernements” concurrents, des dizaines de tribus qui se combattent l'une l'autre et le pays est de nouveau bombardé par les avions américains, dans une tentative d'arrêter la section locale de l'Etat Islamique. Est-ce le type de “paix” auquel nous aspirons? Ou au contraire voulons nous éviter un scénario qui serait à ce point dramatique?
Il ne faut pas plus de combats en Syrie, mais plus de paix. Les appels récents encourageant de nouvelles interventions risquent d'avoir l'effet inverse. Le démantèlement de l'état syrien ne mènera pas à une société pacifiée, mais à une lutte entre différents groupes, qui fragmentera encore davantage le pays. Une lutte qui sera menée par les groupes les plus forts, les plus violents et les mieux soutenus par les puissances étrangères. Une lutte qui fait obstacle à la paix souhaitée par le peuple syrien. Une lutte qui empêche le retour des innombrables réfugiés syriens dans leur région et auprès de leur famille. Une lutte qui continue à faire des victimes innocentes.
C'est pourquoi il faut un vrai cessez-le-feu signé par chaque groupe combattant, pour que les citoyens puissent enfin respirer un peu. Il est temps d'initier un processus de paix où soient représentés non seulement les factions combattantes, mais aussi les mouvements sociaux, qui n'ont pas cessé leurs activités malgré la violence incessante: les syndicats, les organisations sociales et ce qui reste de la société civile syrienne. Un processus de paix pour et par les Syriens, dans l'intérêt des Syriens et pas dans celui des puissances étrangères qui interfèrent dans le conflit depuis 5 ans. C'est la seule manière d'apporter une paix durable en Syrie.
Les bombardements de la coalition Occidentale, dont fait partie la Belgique, n'ont pas réussi à stopper l'Etat Islamique, malgré l'utilisation de 55.000 bombes. Au contraire, ils font des victimes civiles, participent à la destruction de l'infrastructure vitale du pays et contribuent au cercle de violence et de haine.
C'est pour cela que nous exigeons:
1) Que la Belgique arrête ses bombardements en Syrie, qui sont contraires au droit international.
2) Que la Belgique arrête de livrer des armes à des pays qui attisent les combats en Syrie. Des pays comme le Qatar et l'Arabie saoudite ont des liens directs avec certains groupes rebelles et utilisent ces liens pour leur fournir du matériel militaire.
3) Que la Belgique fasse un effort pour garantir un accueil décent aux réfugiés dans toute l'Europe, peu importe le conflit qu'ils fuient.
4) Que la Belgique prenne un rôle actif dans la création et la facilitation d'un processus de paix, dans lequel le peuple syrien aurait une place centrale, et qui défendrait uniquement les intérêts du peuple syrien.