Le carnet d’un immigré en voie de refoulement/d’éloignement (Engl/fr)

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Le carnet d’un immigré en voie de refoulement/d’éloignement
        

Le carnet d’un immigré en voie de refoulement/d’éloignement : violence
et barbarie des forces aux ordres!
Propos recueillis par Yves K. LODONOU (24/10/20016 de21h50 à 22h25)
+32474 37 83 76 ; yakolod@gmail.com

Le seul crime est d’être étranger, l’autre-là. “L”étranger n’est pas
dangereux mais il est en danger [permanent]” dixit Frontières ouvertes asbl
C’est la démocratie à géométrie variable dans nos grands Etats. Bon nous
ne sommes pas étonnés. L’individu ne compte pas, la violence
institutionnelle est la règle. Qu’arrive-t-il en ce moment aux Sans
voix? Ils murmurent en souffrance loin de toute oreille attentive, tout
regard empathique…
Monsieur Houedakor Daté a eu à ses dépens une situation hors pair. Il a
été bousculé, méprisé, molesté, menotté, mis dans l’avion puis ressorti
grâce à la clairvoyance du pilote. Lisez ce qui suit :

« Centre Caricole, il est 15h. Je suis prêt pour la seconde tentative de
mon expulsion. Il y avait une autre personne prévue(dame) également. Le
service social du centre de rétention m’appelle, je viens puis des
agents se présentent à moi comme étant de la police fédérale. Une unité
un peu particulière car ils étaient en tenue civile.
La suite vous en dira long.
Je suis conduit dans leurs locaux, là ils ont procédé à une fouille
minutieuse. J’ai été déshabillé totalement y compris mon petit sous
vêtement, les affaires de ma valise ont été passées au peigne fin. Je
viens de la détention et on me fouille comme un vulgaire délinquant.
Cinq (5)agents pour moi seul
Les agents ont procédé à un briefing sur l’expulsion. Ils affirment que
j’ai des faux papiers, ils m’ont exhibé ma carte d’identité. Ils m’ont
dit si j’accepte de retourner, je pourrais avoir accès à ma CI pour
ensuite je pourrais revenir.
Je leur ai dit que j’ai encore des procédures pendantes, notamment le
test d’ADN. Les agents me rétorquent que je suis naïf, je me laisse
rouler par l’avocat, c’est un menteur, il ne me dit pas la vérité.[Ils
ont tellement chargé les avocats que je me suis dit “est ce qu’ils ont
un problème les conseils?”]
J’ai l’impression qu’ils n’ont pas lu mon dossier et ils affabulent.
Je leur dis que mes empreintes digitales ont été prises, je suis un
honnête gens, je travaille et je suis père de famille.
Alors ils m’ont passé les menottes, ils l’ont serré très très fort (voir
les traces sur mes poignets). J’ai crié, hurlé mais ils sont
insensibles. Ils m’ont ensuite ligoté les pieds. Ils m’ont donné des
coups de coudes, ils m’ont humilié, ils m’ont piétiné, ils m’appuyaient
sur l’abdomen puis ils m’ont jeté dans la voiture. La brutalité s’est
poursuivie contre moi, je suis sans défense et je ne constitue aucun
danger ni pour ma personne, ni pour autrui, ni à l’ordre public.

Arrivée sur le tarmac, ils m’ont fait monter dans l’avion et m’ont
installé à l’arrière. La maltraitance continue et face à mes souffrances
j’ai commencé par hurler, par lancer des cris de détresse. Ces présumés
agents de la police fédérale me demandent de faire silence. Dans l’avion
les passagers se retournaient et cherchaient à comprendre. Il y avait un
Monsieur d’origine africaine sur le vol qui à un moment a aussi crié.
Chaque fois que j’ai su crier je le faisais, mais ma voix s’éteignait
par moment.
C’est ainsi que le pilote est venu me voir et m’a demandé de ne pas
crier mais je n’en pouvais plus. Le pilote m’a dit qu’il ne va pas
voyager avec moi.
Je fus sorti de l’avion et ramené au centre Caricole. Je suffoquais et
j’ai demandé à consulter un Médecin.
Un Médecin fut appelé, il est venu et m’a ausculté et m’a demandé ce qui
se passait. J’ai commencé par expliquer mes déboires, les présumés
agents de la police fédérale ont dit au Médecin que je mentais et
quej’avais des faux papiers.
Ce qui m’est arrivé ce soir m’a permis de voir comment des milliers de
victimes souffrent lors des expulsions avec les présumés agents de la
police fédérale.
A un moment donné j’ai cru que j’allais y laisser ma vie car j’ai
vraiment frôlé la mort à quelques minutes près. J’ai même demandé aux
présumés agents de la police fédérale de m’achever alors mes enfants
auront la possibilité de se rendre sur ma tombe.
Je leur ai demandé est ce qu’ils n’ont pas des enfants?
Moi j’en ai et j’ai des jumeaux qui viennent de naître.
Je pense qu’un criminel ne peut même pas subir ce qu’ils m’ont fait
subir. Je n’ai commis aucun délit, aucun crime politique,économique, de
sang, etc mais mon sort était scellé entre les mains de cinq présumés
agents de la police fédérale.

En conclusion
Puis-je porter plainte contre l’Etat belge (5 agents c’est-à-dire mes
bourreaux)?
La démocratie et le respect des droits et libertés des individus n’est
pas garanti dans les zones de NON DROIT comme le centre Caricole. Semira
Adamu avait fait les frais ainsi que d’autres anonymes que sais-je?
Aujourd’hui c’est mon tour. Peut-être Dieu n’a pas voulu? Peut-être mes
ancêtres africains n’ont pas voulu?
J’ai perdu l’appétit, je suis démoralisé et je crains pour ma sécurité.
Si un Etat comme la Belgique qui est sensée me protéger met ma vie en
danger, je me pose beaucoup de question sur ce que représente la vie
d’un allochtone privée de liberté parce qu’il a voulu vivre, oui vivre,
le DROIT DE VIVRE. Il faut faire une thérapie une fois sortie de cette
détention. »
La Belgique m’accueillie, elle m’a donné la chance de vivre et ce
jusqu’au 1er octobre 2016, date à laquelle je me suis retrouvé dans ce
trou qu’est le centre Caricole.
Les présumés agents de la police fédérale se sont comportés comme une
milice aux ordres…
Dans les pays où il y a des régimes impopulaires et antidémocratiques,
on peut assister à des bavures de la sorte.
La Belgique, pays démocratique en Occident, grande puissance ayant
adhéré aux traités internationaux laisse violer les dits textes par des
actes inhumains, dégradants, xénophobes et négrophobes.
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