LA COLOMBIE, ENTRE L’INCOMPRÉHENSION ET L’ESPOIR



Photo: Hernando Figueroa (2016)

Le dimanche 2 octobre 2016, les Colombiens ont été appelé à se prononcer en faveur l’accord lors d’un plébiscite ou rejeter celui-ci. Cet accord permet de mettre fin au conflit civil opposant les FARC à l’Etat colombien depuis 52 ans et poser les bases d’une paix stable et durable.


Finalement 49,77 % des électeurs ont voté pour le « OUI » et 50,23 % « NON », un résultat très serré. Mais ce qui est le plus surprenant est le taux d’abstention de 63 %. Malgré la très haute importance du vote, peu nombreux auront été les électeurs qui se sont déplacés pour voter.
Douleur et incompréhension auront été les sentiments des Colombiens qui ont voté « OUI » à l’annonce des résultats.
Dans les régions et départements les plus touchés par la guerre, le « OUI » a gagné de façon assez nette ; par contre le « NON » a gagné dans les régions où le parti Centro Democratico (de l’ex-président Alvaro Uribe -droite réactionnaire-) compte avec l’appui d’entrepreneurs-propriétaires fonciers et d’une forte influence médiatique. C’est ce qu’on peut par exemple observer dans le département d’Antioquia où 37,99 % des votants sesont prononcés en faveur des accords et 62,97 % contre.
Les médias privés et certains journalistes de grande diffusion au niveau national ont promu une campagne d’information agressive, basée sur les mensonges et la peur, menée par les secteurs proches de l’ex-président.
Dans ces médias, le président Fidel Castro, Cuba, le Vénézuela ainsi que le président Nicolas Maduro, sont présentés comme le diable. Après la mise en application des accords, la Colombie serait devenu comme le Vénézuela de Chavez et Maduro, où les gens meurent de faim selon la propagande ; ou elle serait devenu comme Cuba, cet-à-dire un pays où les habitants vivent en prison dans leur propre pays. Uribe l’a répété à foison durant les semaines précedentes au scrutin. « Voto NO, Colombia no será Castrochavista » (Je vote « NON », la Colombie ne sera pas Castrochaviste) disaient certaines des pancartes disposées le long des grandes autoroutes urbaines.
L’accord final pour l’achèvement du conflit n’a pas été lu par la majorité des Colombiens qui ont voté « NON » à la paix ; ils se sont contentés de répéter les mensonges que la droite belliqueuse propageait pour tromper et attirer des partisans.
Mais tout n’est pas perdu, l’espoir est de retour dans le cœur d’une Colombie souffrante et travailleuse, qui ne craint pas de faire face à un futur où la paix est l’horizon.

Et à quoi s’attendre à présent ?

Les semaines à venir sont à placer sous le signe de l’incertitude car même le président Santos a avoué qu’il n’avait pas de plan B au cas où le « NON » gagnerait.
Victor Julio Garcia Rodriguez, professeur universitaire de droit public nous donne quelques pistes sur ce qui pourrait arriver :
"La victoire du « NON » ne signifie pas la fin du processus de Paix ; ce qui a été pacté à la Havane, ne sera pas l’objet d’une révision ou ne sera pas invalidé ; on entre plutôt dans une phase d’hibernation juridique, durant laquelle le président Santos utilisera ses facultés extraordinaires pour adapter le traité de La Havane, tel que l’avait fait son prédécesseur (Alvaro Uribe) pendant le processus de paix entre le gouvernement et les paramilitaires.
Le président de la Colombie présentera les projets de lois visant à mettre en application ce qui a été conclu avec les FARC étant donné que le traité de paix est une compétence exclusive du président de la Colombie.
Le président de la Colombie doit respecter ce qui a été accordé lors du processus de Paix ; en outre l’accord ne sera pas révisé et devra être appliqué car autrement la Communauté Internationale et les Etats garants du processus de Paix, interviendraient pour que le président colombien fasse appliquer l’accord ».
L’incertitude s’est emparée à nouveau du pays après que le président Santos ait annoncé un cessé bilatéral d’hostilités qui sera prolongé uniquement jusqu’au 31 octobre. Et ensuite, la guerre à nouveau ?
Suite à la victoire du « NON », des rapprochements ont eu lieu entre le président Juan Manuel Santos et les promoteurs du « NON » : les ex-présidents Alvaro Uribe et Andres Pastrana. La droite et l’extrême droite préparent-elles un pacte d’exclusion ?
Néanmoins, les FARC ont réitéré que leur engagement envers la paix continuerait. Ainsi, les insurgés ont exigé à Juan Manuel Santos de reconsidérer sa décision et maintenir le cessé le feu. En plus des membres des FARC, la voie de milliers de citoyens s’est ralliée à cette clameur qui cherche à ce que la guerre ne fasse plus aucune victime à cause de la soif de vengeance de l’extrême droite.
La réponse du mouvement social colombien, soutenant le processus de paix face aux tentatives de l’élite de mettre fin aux négociations et créer un nouvau Frente Nacional, doit être la mobilisation dans les rues afin d’exiger l’application des accords.
En ce moment, la solidarité internationale est plus importante que jamais pour les organisations sociales colombiennes, les paysans, les syndicalistes, les défenseurs des droits humains, qui sont les victimes directes de la guerre et de son lot de violation des droits humains.
Les pays solidaires avec le processus de paix ont insité sur le fait que le processus colombien pourrait à l’avenir servir d’exemple pour résoudre d’autres conflits armés. En ce moment, il faut souligner le processus de Paix aux Philippines. En tant que colombienne, citoyen du monde et résident en Belgique, il est de notre devoir de nous unir, de diffuser, d’informer et concientiser les gens sur leur droit fondamental à en paix. Comment ne pas pas prendre part à un tel défi ? La paix est un droit et nous ne permettrons pas qu’on nous l’en exproprie !! (Déclaration des Colombiens pour la paix).
Seule l’organisation, l’unité et le travail dans la rue auprès du peuple pourra jeter les bases d’une société plus juste et d’un pays souverain.
SI A LA PAZ !
(Foto: Hernando Figueroa, Bélgica)
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 José Antonio