Algérie: expulsions de Nigériens‏ ( eng,fr)

[EN] the Algerian Ministry of Interior has announced that sub-saharan refugees would be sent back to NIger, including women and children. It was planned that they should first be transferred in Tamanrasset refugee centre first.
 
There are, according to the ministry, 56 receptions centres all across the 48 wilayas, including 7 in Algiers.
According to the second article, the opening of refugee reception centres was proposed by Germany to Algeria in the early 2000's.
 
There are, according to the authorities cited in the 2nd article, over 4,000 Niger nationals in Algeria. They are said to have stayed in Algeria based on the tacit agreement of the authorities, however without any legal right to stay in the country. They are therefore facing destitution as well as racist attacks.  Some of the refugees are legally residing, because they are issued a residence permit by their consulate in based in Hoggar. Those referred to in the article as "illegal refugees", have not been issued a residence permit, will be removed during an operation referred to by the government as mere voluntary returns.
 
 


Un petit retour sur les expulsions de Nigériens d'Algérie
 
 

Lors des questions orales à l’APN, le ministre de l’Intérieur est revenu sur le dossier des réfugiés subsahariens. Il a annoncé le rapatriement imminent, dans la dignité, des déplacés africains, en majorité des Nigériens, vers leurs villes d’origine.

L’Algérie, selon M. Belaïz, traite humainement ce dossier épineux ; les traditions de notre pays, dit-il, ne lui permettent pas de rapatrier ces déplacés par la force. Le ministre rappelle que 56 centres à travers les 48 wilayas du pays ont été érigés pour accueillir les réfugiés subsahariens, dont sept au niveau de la capitale.
L’opération de rapatriement débutera dans les prochains jours. Dans un premier temps, les migrants seront transférés vers le centre principal de réfugiés situé à Tamanrasset, qui compte 120 chalets. C’est à partir de là que se fera le transfert non pas vers les frontières, mais vers le pays d’origine. «Le transfert se fera dans la dignité et respect des droits de l’homme», assure M. Belaïz.
 



Gouvernement : Du placement des réfugiés nigériens aux affrontements 

de Touggourt par Ghania Oukazi, Le Quotidien d'Oran, 1er décembre 2014

La décision de placer les réfugiés nigériens dans des centres d'accueil, ouverts 
dans quelques régions du pays, semble répondre, étrangement, à une 
demande formulée par un ministre allemand des Affaires étrangères, au 
début des années 2000.
Ce ministre avait, à l'époque, demandé à l'Algérie -particulièrement- 
d'accepter l'ouverture de centres de rétention pour bloquer l'émigration 
clandestine africaine vers l'Europe. La demande, en question, était d'une 
indécence et d'un cynisme désolants. Le gouvernement allemand voulait ainsi, 
se débarrasser d'une émigration qui mettait à mal la nouvelle politique qu'il 
voulait faire adopter par l'Union européenne, avec l'aide de la France, contre 
ce qui a été appelé, par un courant raciste «le péril noir». En attendant, il était 
intéressant pour les pays européens de voir l'Algérie ouvrir des centres de 
rétention comme c'est le cas en Italie ou à Malte, pour retenir les migrants 
africains «le temps que le nécessaire soit fait pour les renvoyer vers leur pays 
d'origine». Le ministre qui en avait fait la proposition était compté dans 
l'Alliance / Verts mais avait tourné casaque et est devenu un va-t-en guerre 
en soutenant, entre autres guerres, l'intervention militaire américaine en 
Afghanistan. Ce responsable allemand voyait en l'Algérie, un pays qui pouvait 
se dresser en «zone tampon» contre l'émigration clandestine dont le spectre 
hantait et hante toujours «l'Europe des libertés humaines et de la démocratie». 
L'Algérie devait à cet effet, s'armer en forces et en convictions politiques, à la 
limite du racisme, pour devenir ce gendarme qui avait pour mission de refouler
 les «Noirs» pour les empêcher d'approcher le monde «blanc».
Arrivés en masse, en Algérie, depuis ces deux dernières années, les réfugiés 
nigériens et maliens ont envahi les villes, quartiers et rues, sans qu'aucune 
autorité ne s'en soucie. Ces réfugiés ne se cachent même pas ou craignent 
une reconduite à la frontière pour l'avoir passée, illégalement. Ils sont venus 
de leurs pays respectifs en passant pas les immensités du désert algérien, pour 
atteindre, avec beaucoup de difficultés (pour ce qui est du transport), les 
régions nord du pays. Pour mendier, ils errent à longueur de journées, 
femmes, hommes, enfants, petits et grands, jeunes et vieux. «Sadaka,» 
répètent-ils, en permanence en tendant la main.

«L'EMIGRATION : SOIT ON L'ARRETE, SOIT ON L'ORGANISE»

Les Nigériens, pour ne parler que d'eux, puisque nous les avions approchés, 
ils sont, nous disent des élus, plus de 4.000 personnes à être arrivées, en 
Algérie. Beaucoup d'entre eux ont pris la Mitidja comme «terre d'asile» avec 
l'aval implicite des autorités politiques et locales du pays. Ils ont monté des
 tentes derrière le marché de Boufarik et se sont créés une espèce de quartier 
où manquent les conditions les plus élémentaires de la vie. C'est une véritable
 descente aux enfers pour les adultes mais, notamment pour les enfants dont
 certains sont nés dans ces lieux maudits, sans aucune aide médicale.
 «C'est une question politique, l'Etat est au courant,», s'étaient contentés 
de nous dire des élus locaux, à Boufarik, en mai dernier, lorsque nous avions 
visité ce camp de «toiles.» (Voir le reportage dans ‘Le Quotidien d'Oran' paru 
le dimanche 25 mai 2014, sous le titre «Drame humain aux portes d'Alger».)
Interrogé à ce sujet, Maître Farouk Ksentini avait jugé que «l'émigration, 
soit on l'arrête, soit on l'organise, c'est inhumain.» Il a qualifié ces 
regroupements de «camps de concentration» et a exhorté les pouvoirs 
publics à «respecter la dignité humaine» parce que, a-t-il dit, 
«c'est une obligation morale qui incombe à l'Etat.» La semaine passée, 
le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a déclaré que le 
gouvernement a pris la décision de régler «humainement» ce problème, 
avec la collaboration des autorités nigériennes. Première décision est donc 
de mettre les réfugiés de ce pays, dans «des centres d'accueil», a-t-il indiqué 
«ouverts 
dans certaines régions du pays.» Un de ces centres, le plus important est à 
Tamanrasset, d'autres vers le nord comme celui de Tizi Ouzou, sont ouverts 
pour accueillir, uniquement les réfugiés qui ont la carte de séjour que leur 
délivre leur consulat installé dans la capitale du Hoggar. Les autres, les 
réfugiés illégaux, seront renvoyés vers leur pays. L'on se demande pourquoi 
les autorités algériennes ont-elles laissé pourrir la situation au point où elles 
sont, aujourd'hui, obligées de jouer sur les mots et d'expliquer que «ce n'est 
pas un renvoi mais un retour des Nigériens, en situation illégale, vers leur 
pays.» L'on s'interroge, aussi, sur la portée politique du mot «réfugié» pour 
tenter de comprendre l'explication de «cette aide au retour» à des personnes 
et des familles entières qui, soutiennent des sociologues, fuient leur pays en 
raison de la famine et de la pauvreté.

«L'ANTICIPATION» N'EST PAS CHOSE ACQUISE CHEZ LE GOUVERNEMENT


La présence des Nigériens, en Algérie, a laissé constater leur dénuement et 
leur indigence à un point où ils mendient avec leurs enfants, en bas-âge, 
qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il fasse chaud. L'état misérable de leur gîte 
dans les alentours de Boufarik vous noue l'estomac. Ils dorment sur des 
amas de couvertures déchirées, cartons, sacs en plastique que les eaux de 
pluie ont noyé, au milieu des monticules de détritus et déchets y compris 
humains. C'est épouvantable. Pendant tout ce temps, les autorités locales ne 
voyaient ni n'entendaient quoi que ce soit. L'émigration, disent les sociologues 
est «un fait politique qui doit être géré par anticipation pour ne pas que ses 
conséquences débordent sur les sociétés locales.» Des conséquences, il en a 
toujours parce que, expliquent-ils, «le phénomène s'incruste dans les mailles 
des populations, entraînant tout ce qui pourrait s'apparentait à des fléaux.» 
La communauté nigérienne, à Boufarik, a été, à plusieurs reprises, attaquée 
par, nous disent des élus «des drogués venus d'ailleurs.» Nombreux Nigériens 
ont été délestés de leur modeste bourse, parfois de leurs vêtements. 
Eux-mêmes devaient se débrouiller pour se nourrir et nourrir leurs 
progénitures. «Tous les moyens sont bons pour y arriver,» nous disent nos 
interlocuteurs. En parallèle, de nombreuses familles leur donnaient à manger 
surtout en tant de célébrations religieuses.
L'anticipation suggérée par les sociologues, pour éviter des situations aussi 
dramatiques, n'est pas chose acquise chez le gouvernement. Il l'a démontré, 
encore une fois, ce week-end, par rapport aux graves émeutes qui ont secoué 
Touggourt, cette paisible localité, dans le sud du pays. «Fallait-il attendre qu'il 
y ait mort d'hommes pour régler les problèmes posés depuis toujours ?», 
interroge-t-on. 
Ce qui est désolant, c'est qu'il a fallu que la situation dégénère, 
dangereusement, pour que les autorités locales soient instruites pour, entre 
autres, distribuer des lots de terrain aux contestataires. Si le ministre de 
l'Intérieur a décidé, de suite, qu'il en soit ainsi, c'est que ces lots existent 
et devaient revenir à des citoyens qui voulaient construire leurs habitations. 
Taieb Berlaiz a, aussi, fait savoir qu'il va créer une commission qui se 
chargera «sur place» de trouver des solutions aux problèmes posés, comme 
celui de l'emploi. A entendre le Premier ministre discourir, à chaque fois qu'il se 
déplace dans une région, ce genre de problèmes doit être pris en charge et 
réglé, au fur et à mesure, qu'il se pose. Il a, à maintes reprises, instruit les 
autorités locales à discuter avec les populations pour éviter l'affrontement. 
Si ses ministres ne doivent pas comprendre ce qu'il dit, c'est qu'il se doit, 
alors, de le leur expliquer autrement…

LE PREMIER MINISTRE DOIT EXPLIQUER «AUTREMENT» SES INSTRUCTIONS 

A SES MINISTRES

A défaut de dialoguer avec les citoyens, les autorités locales préfèrent, dans 
la majorité des temps, faire la sourde oreille. «Les élus ne se déplacent même 
dans leurs localités pour écouter les populations et enregistrer leurs doléances,»
 fait-on remarquer. Les missions des démembrements de l'Etat ne semblent 
pas être clairement définies, aux responsables chargées de les exécuter. 
La bureaucratie continue de faire des siennes dans les administrations, tout 
au temps que le clientélisme, l'excès de zèle et l'abus de pouvoir. Touggourt, 
comme toutes les autres régions du pays, ont leurs terrains à distribuer, 
leurs routes défoncées à construire, les emplois à trouver, les quartiers à faire 
nettoyer… C'est ce qui fait le quotidien d'une cité. «Ce n'est pas tant les 
solutions qui manquent mais la volonté des autorités de les trouver, même 
quand elles sont toutes simples,» note un ministre. Béchar est cette autre 
wilaya qui tente, encore cette année, de fuir la mort en nageant à contre 
courant des eaux pluviales qui lui ont tout emporté sur leur passage. «2008, 
2012, 2014.., c'est trop pour nous, les inondations nous ont tout pris,» 
se lamentait, hier, une citoyenne à l'écran de la télévision publique. 
«Les autorités locales ont attribué, il y a quelques temps, des centaines de 
lots de terrain dans un lit d'oued,» nous disait un natif de la région qui 
connaît bien les crues et les débordements des nombreux oueds qui passent 
par Béchar. Même la capitale n'est pas mieux lotie quand on voit les 
constructions qui ont «poussé» dans le «pli» du Val d'Hydra. Notre Béchari 
évoque, bien sûr, les regards bouchés, les poubelles jetées par terre, mais 
aussi «les digues envasées». Les deux digues construites pour faire barrage 
aux eaux déchaînées ne servent plus à rien, selon lui. Les autorités locales 
le savent. Le gouvernement aussi.