Three languages
Jour après jour, nous recevons les bulletins d’information de cette
étrange guerre qui se déroule en Méditerranée – combien de migrants
ont été sauvés, combien sont morts depuis le début de Mare Nostrum,
l’opération « militaire et humanitaire » déployée en Méditerranée par
l’Etat italien en réponse au naufrage du 3 octobre 2013, quand l’île
de Lampedusa a été littéralement submergée par les corps sans vie
d’innombrables femmes, hommes et d’enfants. La statistique des morts :
c’est sur cette base qu’on nous demande aujourd’hui de juger les
politiques italiennes et européennes, qui sont mises en œuvre en notre
nom.
Mais des choix et les décisions qui ont présidé à ces politiques, rien
n’est dit.
Le choix de ne laisser d’autre solution que ces routes périlleuses à
tous ceux qui, partout dans le monde, fuient les conflits ou les
dictatures de leurs pays d’origine, qui sont chassés par la crise
économique mondiale, ou qui sont mus par le simple désir de voyager ;
Le choix de ne voir en eux que des « sujets à sauver » en mer, et
donc d’en faire des « naufragés » auxquels seuls des bateaux
militaires peuvent apporter le salut d’une survie « humanitaire » ;
La décision de continuer, y compris sur le théâtre des nombreuses
guerres actuelles - dont nombre sont, directement ou indirectement,
européennes - à gérer à distance les frontières de l’Europe par le
filtre des visas d’entrée, tamis qui interdit de voyager en empruntant
un moyen de transport normal, et oblige au contraire à entreprendre
des voyages semés d’obstacles et de dangers ;
Le choix de ce mécanisme de filtrage, qui est à la base de
l’exploitation du travail des migrants et de leur ghettoïsation en les
transformant en « clandestins » ;
La décision de maintenir en vigueur le Règlement Dublin qui, dans la
plupart des cas, impose que la demande d'asile soit examinée par les
autorités du premier pays par lequel le demandeur a pénétré sur le
territoire de l'UE, renvoyant ainsi les migrants d’une frontière à
l’autre, ou ne les laissant passer que de manière aléatoire au gré des
accords officieux entre pays ayant une frontière commune ; cela a été
le cas, pendant des mois, pour les réfugiés syriens et érythréens,
tout au long de leur voyage vers l’Europe du Nord depuis la gare de
Milan.
Bien sûr, du point de vue du droit international, il est légal que
l’Italie et l’Union européenne décident de gérer ainsi tant leurs
propres frontières que les migrants qui s’y présentent. Tout comme il
est légal de déployer une force navale militaire en Méditerranée,
dotée des moyens de contrôle technologique les plus sophistiqués – les
mêmes que ceux qui sont utilisés sur les fronts de guerre –, pour
sauver ceux et celles auxquels on impose de voyager comme des «
naufragés ».
Pour l’Union européenne, c‘est en toute légitimité l’opération Triton
qui, à partir du mois de novembre, remplacera « Mare Nostrum » - son
objectif ne sera plus de sauver, mais uniquement de contrôler. Tout
aussi légitimes sont les opérations telles que « Mos Maiorum », qui se
réclame des mœurs de nos ancêtres pour déployer dans chaque Etat de
l’UE une chasse aux hommes, aux femmes et aux enfants en situation «
irrégulière », au prétexte de repérer et démanteler les réseaux qui
organisent les voyages « illégaux ». Des réseaux qui sont la
conséquence directe de la décision politique de maintenir le système
des visas d’entrée.
Il est ainsi prouvé comment, en toute cohérence et en changeant les
objectifs, on passe d’une opération « militaire et humanitaire » à une
opération exclusivement militaire et policière.
Ces dernières années, l’externalisation des frontières de l'UE a
produit toute une nouvelle déclinaison de logiques coloniales, qui a
contribué à créer une mobilité « choisie » et différenciée en fonction
des exigences du capital et des États. Il s’agit là de réels choix
politiques, même s’ils se dissimulent derrière des projets d'« accueil
externalisé » ou d’« action humanitaire à distance » pour les
personnes qui fuient les nombreux théâtres de guerre.
Nous, chercheuses et chercheurs, impliqué.e.s d’une manière ou d’une
autre dans la production de savoirs sur les phénomènes migratoires,
refusons d’être complices de ces politiques et de leurs conséquences,
que nous constatons chaque jour. Pour des millions de personnes, il
n’existe désormais plus aucun espace de vie si ce n’est celui,
naufragé, des eaux de la mer, des couloirs de renvoi sans fin d’un
Etat européen à un autre, des grillages et des barbelés de Ceuta et
Melilla, des hangars libyens où sont parqués les migrants qui
attendent de tenter le « passage ».
Pour affirmer notre refus collectif, nous nous engageons à diffuser ce
texte en le lisant au début de nos cours, dans les réunions des
organes universitaires auxquels nous participons, dans les colloques
où nous intervenons.
Mais nous ne voulons pas simplement nous limiter à un appel. Nous
demandons donc à tous nos collègues, à nos étudiants et à nos
étudiantes, d’y adhérer et de le diffuser. Partout : à l’école et à
l’université, dans tous les lieux où l’on étudie et ou l’on travaille,
dans les assemblées, dans les séminaires, dans les réunions.
Enfin, nous voulons que le texte circule également ailleurs, dans les
autres pays de l’Ue et ailleurs : partout où l’on produit aujourd’hui
du discours sur les migrations – tout particulièrement dans les
universités et les lieux de recherche, puisque c’est là, aujourd’hui,
que sont produits des savoirs trop souvent complices des mécanismes
d’enfermement des vivants et des politiques de gouvernement de la
mobilité humaine.
Premiers signataires: Roberto Beneduce, Giulia Borri, Paolo Cuttitta,
Elena Fontanari, Filippo Furri, Glenda Garelli, Margherita Grazioli,
Chiara Marchetti, Miguel Angel Mellino, Sandro Mezzadra, Irene Peano,
Mimmo Perrotta, Lorenzo Pezzani, Barbara Pinelli, Cecilia Rubiolo,
Devi Sacchetto, Alessandra Sciurba, Federica Sossi, Martina Tazzioli
____________________________________________
A collective refusal: an appeal by researchers involved in the
production of knowledge on migration
Gruppo ricercatrici e ricercatori migrazioniItaly
https://www.change.org/p/to-all-those-who-want-to-sign-a-collective-refusal-an-appeal-by-researchers-involved-in-the-production-of-knowledge-on-migration?just_created=true
Day after day we keep receiving updates on that uncanny war which is
ongoing in the Mediterranean: updates on how many migrants were
rescued and how many have died since the beginning of “Mare Nostrum,”
the “military and humanitarian” operation that the Italian government
enlisted in the Mediterranean as a response to the shipwreck of
October 3, 2013. At that time, the island of Lampedusa was swamped by
a wave of dead bodies - of women, men, and children. We are asked to
form our opinion on Italian and European policies – those policies
made also in our name - based on the statistics of deaths.
Nothing is said, however, about the political decisions that ground
these policies. Nothing is said of the choice to prevent people from
arriving in any other way than by makeshift boats. These are people
who are fleeing the innumerable conflicts of our time, or people who
are moving because of the economic crisis, or who would like to move
simply to fulfill their desire to travel. Nothing is said,
furthermore, about the choice to consider them as subjects ‘to be
saved’ at sea - the choice, thus, to turn them all into ‘castaways’ in
need of military vessels that allow them the respite of a
‘humanitarian’ survival. Nor is anything said about the decision to
keep enacting the borders of Europe at a distance - even in the
current scenario of multiple wars, many of which, moreover, directly
or indirectly European - through the tight filter of visas, which
precludes travel with regular means of transportation and forces
people, instead, to embark in journeys disseminated by a thousand
obstacles. A mechanism which also underscores labor exploitation and
the ghettoization of migrants through their ‘illegalization’. Nothing
is said, yet again, of the decision to keep the Dublin regulations in
force, which designates the first country of arrival within the EU as
the one in charge of processing the claim to asylum, bouncing people
back and forth between borders, or allowing them transit only
intermittently in-between the meanders of under-the-table agreements
between neighboring countries, as has been happening for months with
Syrian and Eritrean refugees who start their journeys towards northern
Europe from Milan train station.
Certainly, the fact that Italy and the European Union decide to manage
their borders in this way seems legitimate from the standpoint of
international law. Likewise, it is legal to deploy a military fleet
equipped with the most advanced surveillance technologies – the same
used in war – in order to save those who are at the same time forced
to travel as castaways. For the European Union even operation 'Triton'
is legitimate- that operation which, starting from the month of
November, will substitute “Mare Nostrum” with the only objective of
monitoring Mediterranean waters and not necessarily to save lives. And
even an intervention such as “Mos Maiorum” is considered legitimate,
which mandates that each European-Union member state should engage in
a manhunt against “irregular” men, women and children with the only
purpose of expanding knowledge of the networks organizing these
“illegal” trips. T trips which, incidentally, are made possible by the
political decision to preserve the visa system for entry in the EU. It
is, moreover, an intervention which shows how fast the move –
performed in this case with absolute coherence and simply by a change
in the orders issued – could happen from “military and humanitarian”
operations to exclusively military and enforcement operations.
The political decisions of the European Union, furthermore, have
re-articulated colonial logics through the externalization of borders,
thus contributing to create a differential mobility selected on the
basis of capital's and individual states' needs. Such political
decisions in the last years have been redesigned in terms of an
“externalized hosting” or of "humanitarianism at distance” for people
escaping the numerous war scenarios. As researchers involved in
different fields of knowledge production on migration, we refuse to be
complicit with those policies, whose effects we see every day: no
space to exist is granted for millions of people, except a submerged
space, that can be the space of the sea, the space of the tunnels
connecting different European states, the space of the gates of Ceuta
and Melilla, or the space of the Libyan warehouses where people are
forced to stay before crossing the sea. To express our collective
refusal, we intend to share this text by reading it during university
meetings and at conferences on migration. We don’t want this text to
be a simple statement; we ask students and colleagues to sign it and
contribute to its circulation: in classes, in study places, during
lectures, at meetings, at conferences and assemblies. Moreover, we ask
that the text be circulated at universities in other European states
and even brought out of the academy in all the places and contexts
where a discourse on migration is produced today. This is a collective
refusal on the part of those who work in the university, one of the
most significant sites of this knowledge production and of complicity
with the mechanisms of confinement and with the politics of the
government of mobility.
October 2014
First signatories:
Roberto Beneduce, Giulia Borri, Paolo Cuttitta, Elena Fontanari,
Filippo Furri, Glenda Garelli, Margherita Grazioli, Chiara Marchetti,
Miguel Mellino, Sandro Mezzadra, Irene Peano, Mimmo Perrotta, Lorenzo
Pezzani, Barbara Pinelli, Cecilia Rubiolo, Devi Sacchetto, Alessandra
Sciurba, Federica Sossi, Martina Tazzioli
_____________________________________________________
Petitioning a tutte e tutti coloro che vogliono firmareThis petition
will be delivered to:
a tutte e tutti coloro che vogliono firmareUn rifiuto collettivo.
(Appello delle ricercatrici e dei ricercatori coinvolte/i nella
produzione di sapere sulle migrazioni)
Gruppo ricercatrici e ricercatori migrazioniItaly
https://www.change.org/p/a-tutte-e-tutti-coloro-che-vogliono-firmare-un-rifiuto-collettivo-appello-delle-ricercatrici-e-dei-ricercatori-coinvolte-i-nella-produzione-di-sapere-sulle-migrazioni
Giorno dopo giorno riceviamo i bollettini di quella strana forma di
guerra che si sta svolgendo nel Mediterraneo: di quanti siano i
migranti salvati, di quanti quelli morti a partire dall’inizio di
“Mare Nostrum”, l’operazione “militare e umanitaria” dispiegata nel
Mediterraneo come risposta dello stato italiano al naufragio del 3
ottobre 2013, quando l’isola di Lampedusa è stata sommersa da un mare
di corpi non più in vita di donne, uomini, bambini. Il calcolo delle
percentuali dei morti: è a partire da questo che ci viene chiesto di
formarci un’opinione sulle politiche italiane ed europee che si stanno
attuando anche in nostro nome.
Si tace, però, sulle scelte e le decisioni che stanno al fondo di
queste politiche.
La scelta di impedire di arrivare in altro modo a coloro che stanno
fuggendo dagli innumerevoli conflitti che costellano il nostro
presente o dalle dittature dei loro paesi di origine, così come a
coloro che si spostano a causa della crisi economica globale o che
vorrebbero farlo per il semplice desiderio di viaggiare. La scelta di
considerarli come “soggetti da salvare” in mare, la scelta, dunque, di
farli diventare tutti “naufraghi” e bisognosi, per poter vivere, di
navi militari che concedano loro il respiro di una sopravvivenza
“umanitaria”. La decisione di continuare - persino nell’attuale
teatro di molteplici guerre, molte delle quali, inoltre, direttamente
o indirettamente anche europee - ad agire i confini dell’Europa a
distanza, attraverso il serrato filtro dei visti che impedisce di
viaggiare con un regolare mezzo di trasporto e obbliga invece a
intraprendere viaggi disseminati da mille ostacoli; meccanismo che sta
alla base dello sfruttamento lavorativo e della ghettizzazione dei e
delle migranti attraverso la loro “clandestinizzazione”. La decisione
di mantenere in vigore il Regolamento di Dublino, che designa il primo
paese di arrivo europeo come competente per la richiesta d’asilo,
facendo così rimbalzare le persone da una frontiera all’altra, o
lasciandole passare solo a intermittenza tra i tunnel degli accordi
clandestini tra stati confinanti, come è avvenuto per mesi con i
rifugiati siriani ed eritrei a partire dalla stazione di Milano nei
loro viaggi verso il Nord Europa.
Certo, dal punto di vista del diritto internazionale è legale che
l’Italia e l’Unione europea decidano di gestire in questo modo le
proprie frontiere e le migrazioni. E’ legale il dispiegamento nel
Mediterraneo di una forza navale militare con i più sofisticati mezzi
di controllo tecnologici - gli stessi usati per le guerre - per
salvare coloro a cui si impone di viaggiare da “naufraghi”.
Per l’Unione europea sarà legittima anche l’operazione Triton, che a
partire dal mese di novembre sostituirà “Mare Nostrum” senza neppure
più l’obiettivo di salvare ma solo con quello di controllare.E sono
legittimi, persino, interventi come “Mos Maiorum”, che si richiama ai
costumi degli antenati per dispiegare in ogni stato membro dell’Ue
un’intensa caccia agli uomini, alle donne e ai bambini “irregolari”
con la giustificazione di implementare la conoscenza delle reti che
organizzano i viaggi “illegali”; quelle stesse reti prodotte, in
realtà, dalle decisioni politiche di mantenere il sistema dei visti
di ingresso. Un intervento che rende evidente, tra l’altro, come dalle
operazioni “militari e umanitarie” si possa passare, con assoluta
coerenza e solo con un cambio degli ordini ricevuti, a quelle
esclusivamente militari e poliziesche.
Le scelte politiche dell’Unione europea, in tutti questi anni, si
sono inoltre concretizzate in nuove declinazioni di logiche coloniali
attraverso l’esternalizzazione delle proprie frontiere, contribuendo
così a creare una mobilità selezionata e differenziata in base alle
esigenze del capitale e dei singoli stati. Scelte politiche che negli
ultimi tempi vengono ripensate come progetto di una “accoglienza
esternalizzata” o di un “umanitario a distanza” per le persone in fuga
dai molteplici scenari di guerra.
In quanto ricercatrici e ricercatori coinvolte/i in vari ambiti nella
produzione di sapere sulle migrazioni ci rifiutiamo di essere complici
di tali politiche di cui tutti i giorni constatiamo l’effetto: nessuno
spazio di esistenza, per milioni di persone, se non uno spazio
sommerso, che sia quello delle acque del mare, dei tunnel di rimbalzo
tra i diversi stati europei, delle griglie di Ceuta e Melilla, degli
hangar di ammasso libici prima delle traversate.
Per affermare il nostro rifiuto collettivo diffonderemo questo testo
leggendolo durante le nostre ore di lezione, durante le diverse
riunioni degli organi universitari a cui partecipiamo, nei convegni
sulle migrazioni.Non vogliamo che sia un semplice appello e chiediamo
ai nostri colleghi e alle nostre colleghe, alle studentesse e agli
studenti, di sottoscriverlo con l’impegno di contribuire come noi alla
sua diffusione: nelle aule, nei luoghi di studio, durante le lezioni,
nelle riunioni, nelle conferenze, nelle assemblee. Chiediamo, inoltre,
che il testo venga diffuso nelle Università degli altri stati
dell’Unione europea e anche portato fuori dall'accademia, in tutti i
luoghi e i contesti in cui oggi si produce discorso sulle migrazioni.
Un rifiuto collettivo da parte di chi lavora nell’Università, uno dei
luoghi più significativi di questa produzione di saperi e della loro
complicità con i meccanismi di confinamento e con le politiche di
governo della mobilità.
(ottobre 2014)
Primi/e firmatari/e: Roberto Beneduce, Giulia Borri, Paolo Cuttitta,
Elena Fontanari, Filippo Furri, Glenda Garelli, Margherita Grazioli,
Chiara Marchetti, Miguel Mellino, Sandro Mezzadra, Irene Peano, Mimmo
Perrotta, Lorenzo Pezzani, Barbara Pinelli, Cecilia Rubiolo, Devi
Sacchetto, Alessandra Sciurba, Federica Sossi, Martina Tazzioli
_______________________________________________
* Migreurop@rezo.net
--
Douce nuit - ONA MOVE - Yalla! - Yang-Kà!
Marie-Cécile
Un refus collectif. Appel des chercheuses et des chercheurs
impliqué(e)s dans la production de savoir sur les migrations
https://www.change.org/p/%C3%A0-toutes-et-tous-ceux-qui-veulent-signer-un-refus-collectif-appel-des-chercheuses-et-des-chercheurs-impliqu%C3%A9-e-s-dans-la-production-de-savoir-sur-les-migrations
Gruppo ricercatrici e ricercatori migrazioniItaly
_____________________________________________
ZPAJOL liste sur les mouvements de sans papiers
* abonnement/desabonnement via le web a <http://listes.rezo.net/mailman/listinfo/zpajol/>
* abonnement par mail : ecrire a zpajol-on@rezo.net
* desabonnement par mail : ecrire a zpajol-off@rezo.net
* archives : <http://news.gmane.org/gmane.politics.activism.zpajol>





