

Pas raciste mais nationaliste ? On pourrait en rire si ce n'était pas si pathétique... Une enfance difficile et un quotidien dur ? On est combien dans ce cas ? Est-ce que pour autant on en devient aussi inhumain ? Il est menacé, il a besoin de protection ? Il y a dix jours j'ai été suivie par un partisan de Sauvons Calais à la sortie d'un Mac Do, "Sauvons Calais" me disait-il, avec un air menaçant, si j'avais été seule j'aurais eu droit à la claque dans gueule promise par de nombreux fans de Kévin... Je ne porte pas de croix gammée pourtant... Ah ! Et puis le rêve de Kévin: devenir gardien de prison... Ouais...
Un portrait quand même gentillet, un énième déni de cette croix gammée du SS Nordland comme si tous les lecteurs étaient des truffes... Si on n'avait pas l'habitude de lire ses débordements on en serait presque attendri... Mais quand même, je crois qu'on a tous vu assez de captures d'écran des propos de Kévin pour savoir que l'image qu'il veut donner dans ce portrait est très passe-partout...
Mettre du ruban autour d'une paquet de cailloux ne change pas les cailloux en pierres précieuses...
Séverine
Un portrait quand même gentillet, un énième déni de cette croix gammée du SS Nordland comme si tous les lecteurs étaient des truffes... Si on n'avait pas l'habitude de lire ses débordements on en serait presque attendri... Mais quand même, je crois qu'on a tous vu assez de captures d'écran des propos de Kévin pour savoir que l'image qu'il veut donner dans ce portrait est très passe-partout...
Mettre du ruban autour d'une paquet de cailloux ne change pas les cailloux en pierres précieuses...
Séverine
C’est lui qui est à l’origine de la manifestation anti-migrants de dimanche. Fondateur du collectif Sauvons Calais, né en novembre pour lutter «contre l‘immigration massive», il a défrayé la chronique plus d’une fois ces dernières semaines. Qui se cache derrière ce jeune « nationaliste » calaisien qui n’a pas encore 20 ans ? L’intéressé a accepté de se livrer un peu...
Kevin Reche est à l’heure au rendez-vous. Il a accepté sans problème l’idée de ce portrait. Il nous explique que plusieurs de ses amis l’attendent aux abords de la rédaction, « au cas où » : car depuis qu’on a diffusé dans la presse une photo de lui dévoilant son torse nu avec cet énorme tatouage gravé côté cœur semblable à une croix gammée, Kevin se sent menacé. C’était courant février : « Quand j’ai vu cette photo, j’ai demandé à tout le monde sur Internet de la supprimer, mais c’était trop tard, elle circulait déjà partout. C’est une photo privée, je ne sais même pas comment ils (les journalistes, ndlr) l’ont récupérée. J’ai mal réagi ». Il avait 15 ans quand il s’est fait tatouer cette croix qu‘il trouvait « belle, comme dans American History X . » Il jure qu’elle n’a rien à voir avec ce qu’on imagine : « Personne ne me croit quand je dis ça mais c’est une svastika, ça représente les quatre sens de l’univers en rotation. Quand vous lisez la description, ça symbolise la joie de vivre, la foi, enfin je ne sais pas bien vous expliquer »…
« Contre les migrants et les No Borders »
Il a d’autres tatouages, Kevin. Par exemple, il s’est fait bleuir la jambe avec un dessin en forme d’Hexagone. Et quand il soulève la manche de son blouson, c’est pour découvrir son bras droit presque entièrement gravé d’encre où figurent une croix de lys, une croix de Lorraine, une toile d’araignée - « ça c’est plus pour rire, c’est pour ceux qui aiment avoir le coude sur le comptoir et trinquer ». Et puis ce prénom fixé sur la peau, « Michel », celui de son père, qu’il a fait graver il y a un peu moins d’un an, quand ce dernier a été emporté par la maladie. Un tatouage comme une trace d’amour dans une vie pas très rose. Son père disparu, Kevin vit seul avec sa mère, atteinte elle aussi depuis des années d’une maladie grave, de celles qui nécessitent une prise en charge à plein temps. Depuis qu’il a quitté le lycée Coubertin à 16 ans, le jeune Calaisien reste avec elle et s’en occupe comme il peut. Sa sœur aînée passe tous les jours aussi. Entre-temps, Kevin a bien tenté de se lancer dans des concours pour être agent de sécurité, mais ça n’a pas abouti.
C’est dans ce contexte que ce passionné « depuis toujours » de monuments historiques et de nature a créé la page Facebook « Sauvons Calais », en octobre dernier. « Seul dans (s)on coin », comme il dit. Il a fait ça « par rapport aux agressions de la part des migrants, pour regrouper tout le monde contre l’immigration et les No Borders ». Il faut dire que le contexte est tendu à Calais : le 24 octobre, la maire Natacha Bouchart a invité sur sa page Facebook tous les Calaisiens à lui signaler par mail la présence de squats de migrants dans la ville. Plusieurs évacuations ont d’ailleurs eu lieu les mois qui ont précédé. En novembre, ceux qu’on appelle déjà les « anti-migrants » à Calais commencent à faire parler d’eux. Kevin ne fait pas partie du cortège reçu en mairie par Philippe Mignonet et Emmanuel Agius, deux adjoints au maire, lors du premier rassemblement organisé à Calais contre l’immigration massive. « C’est le collectif Défendons Calais qui avait organisé ce sit-in. Moi, j’étais juste parmi les manifestants. Je n’étais rien », commente-t-il. C’est dans les semaines qui suivent que sa vie commence à changer : la page « Sauvons Calais » prend très vite le dessus sur celle de Défendons Calais. S’y retrouvent des tas d’internautes animés par une même soif de dénoncer les squats présents dans la ville et leur haine souvent sans limites envers la population migrante. Le collectif se « distingue », fin février, par une semaine de manifestation tendue devant un squat de Coulogne.
« Gabriac, c’est mon idôle »
Les migrants : vaste sujet pour Kevin Reche. Une fois seulement il s’est hasardé à leur adresser la parole : c’était en 2012, près du théâtre de Calais. Un échec. « Je voulais savoir où ils allaient et ce qu’ils faisaient mais ils ne comprenaient pas. Depuis, je ne leur ai plus jamais parlé. Ce n’est pas quelque chose qui m’attire. » À vrai dire, Kevin ne voit même pas l’intérêt de parler avec eux puisqu’« ils ne sont pas chez eux ici ». Au cours de la conversation, il lâche d’ailleurs comme si c’était une vérité admise et connue de tous, que «tout le monde a déjà été victime d’une agression de la part d’un migrant ». Lui ne se définit pas pour autant comme « raciste » ou « (néo)nazi » - des qualificatifs qu’on lui prête souvent. Non, il préfère le terme « nationaliste », qui regroupe « ceux qui sont fiers d’aimer leur pays». Un peu comme le Grenoblois Alexandre Gabriac (annoncé à la manifestation de dimanche), jeune comme lui et fondateur des jeunesses nationalistes, exclu du FN après être apparu sur une photo en train d’effectuer un salut nazi. « Gabriac, c’est mon idole, c’est un bon mec qui a une mauvaise image et qui n’a pas peur de dire ce qu’il pense. Je me reconnais un peu en lui. »
Parents communistes
À notre demande, le jeune homme nous avait transmis trois contacts de personnes susceptibles de nous raconter un peu qui il est. Un membre de sa famille d’abord, mais qui a refusé catégoriquement qu’on le cite dans ce portrait. Ensuite, deux personnes qui n’ont fait sa connaissance qu’en début d’année et qui nous répètent combien Kevin est « gentil », courageux et engagé. On a bien tenté aussi d’appeler des élus de la Ville, mais tous, Natacha Bouchart en tête, nous ont transmis la même réponse : « On ne connaît pas Kevin Reche. »
Celle qui a son idée sur ce garçon peut-être, c’est Séverine Mayer, l’une des créatrices du collectif Calais, ouverture et humanité, né en novembre en opposition directe à Sauvons Calais. À force de lire la prose de Kévin sur la toile, Séverine s’en est forgé une opinion assez précise : celle d’une personne « qui a beaucoup de volonté mais qui n’a pas conscience de la portée de ses actes. Une personne qui a reporté ses frustrations personnelles dans un combat basé sur la haine, qui lui confère une importance qu’il n’avait jamais eue jusqu’ici ».
Aucun membre de la famille Reche ne semble soutenir Kévin dans son combat. « Mes deux frères et mes deux sœurs n’y connaissent rien en politique. De toute façon je suis majeur », tranche l’intéressé. Ses parents - le père est originaire du sud de la France, la mère a travaillé dans la dentelle - étaient en revanche militants « il y a des années », mais pour un tout autre bord : « Ils étaient tous les deux communistes. Mais à l’époque c’était le communisme de l’emploi, pour les ouvriers français, pas comme aujourd’hui. » Aujourd’hui, Kévin a des rêves, comme d’aller visiter les plages du débarquement en Normandie ou de réussir un concours pour devenir gardien de prison. Et puis il a des convictions qui prennent de plus en plus de place dans sa vie. À tel point que des médias nationaux l’appellent sur son portable et demandent à le rencontrer. Le jeune homme n’exclut pas l’idée de se lancer en politique : « On me conseille de parler davantage du chômage. En tout cas si un jour je me présente, c’est uniquement à Calais, pour être maire. Je verrai bien ».





