[gettingthevoiceoutnewsletter] Expulsion collective de Guinéens prévu ce lundi 17/3‏

Ci-dessous le communiqué qui a été écrit suite à différents infos depuis les
centres.

Apparament une manifestation aura lieu demain devant le consulat de Belgique à
Conakry pour protester contre les expulsions envisagées.
D'autres rumeurs disent aussi que l'aéroport de Conakry refusera
l'atterrissage de l'avion belge...

A Vottem, on commence à isoler les Guinéens en vue de leur départ sur le
127bis, ils seraient 8 personnes concernéses.
A Merksplas, il y aurait 11 Guinéens concernés (certains mis au cachot)
A Brugge, ils seraient 4.




Communiqué de presse

17 mars : Nouvelle expulsion collective de Guinéens sans laissez-passer de
l’Ambassade

Ce lundi 17 mars, un vol militaire est prévu pour expulser une vingtaine de
Guinéens actuellement détenus dans les centres fermés de Vottem, Merksplas et
Brugge.
« Nous cherchons vos laissez-passer mais votre expulsion c’est lundi », ont
annoncé les assistantes sociales aux personnes concernées.

Contactée, l’Ambassade de Guinée a confirmé n’avoir délivré aucun laissez-
passer. Une délégation des Pays Bas serait venue récemment à Bruxelles pour
solliciter ces documents indispensables à tout rapatriement. L’Ambassade
aurait alors contacté le Ministre guinéen des Affaires étrangères, Louseny
Fall, qui dans un fax a immédiatement confirmé à Bruxelles l’opposition de la
Guinée aux délivrances de laissez-passer pour ses ressortissants.

Il est vrai que le contexte est relativement sensible : lors de la visite
récente de Maggie De Block à Conakry sensée solliciter l’aide du gouvernement
guinéen pour le rapatriement de ses compatriotes en situation irrégulière en
Belgique, le Président Alpha Conde s’est dit catégoriquement opposé aux
rapatriements de Guinéens vivant en Belgique « sauf s’ils sont dealers ou
criminels ». La visite du Président prévue le mois prochain à Bruxelles
complique encore la donne. Ainsi que la perspective des élections
présidentielles en Guinée prévues en 2015.

Il est à prévoir qu’en l’absence de laissez-passer délivré par l’Ambassade,
représentante légale de l’Etat guinéen en Belgique, le gouvernement belge
appliquera alors une recommandation du Conseil de l’Union européenne effective
depuis le 1er janvier 1995 et qui instaure un laissez-passer européen qui
permet aux Etats membres d’expulser des personnes sans document de voyage ou
dont la nationalité n’a pas été formellement établie.

Autrement dit, l’Union européenne instaure une procédure qui outrepasse les
prérogatives d’un Etat.

Les Guinéens contactés dans les différents centres fermés attendent dans
l’angoisse leur transfert au 127 bis de Steenokkerzeel, vraisemblablement la
veille de l’expulsion. Tous ont déclaré qu’ils refuseront cette déportation
dans un pays que la plupart ont quitté voici 4 ans.

Qui parmi « nos responsables » s’interroge sur les raisons profondes qui font
des demandeurs d’asile guinéens le deuxième groupe le plus important après
celui des Afghans ? Que penser d’un pouvoir en place qui est incapable
d’assurer la sécurité de ses citoyens en raison d’une corruption qui sévit à
tous les échelons de la société ? Que répondre aux 80% de jeunes diplômés
guinéens qui ne trouvent pas de travail au pays ? Que dire aux familles de ces
ados abattus en pleine rue parce qu’ils manifestent pour plus de justice et
moins d’impunité ?

En organisant cette nouvelle déportation collective, la Belgique se place une
nouvelle fois dans une position peu honorable : en violant l’art 4 du
Protocole n°4 de la Convention européenne des Droits de l’Homme qui interdit
et condamne les expulsions collectives. Mais aussi, en ayant recours à une
instance supra-nationale, l’Union européenne, qui par ses recommandations
s’immisce de manière anti-démocratique dans les prérogatives dévolues aux
représentants légaux des Etats souverains.



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