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[Migreurop] Routes migratoires Grèce / Migration routes Greece
MIGRATION: Les migrants arrivent désormais par les îles grecques
MYTILÈNE, 7 octobre 2012 (IRIN) - Alors que la Grèce semble avoir réussi à
contenir le flux de migrants illégaux qui traversaient la frontière turque
par la terre, d’autres migrants et demandeurs d’asile commencent à affluer
sur les îles de l’est de la mer Égée.
L’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux
frontières extérieures (Frontex) estime qu’environ 200 migrants arrivent
chaque semaine dans les îles depuis le lancement d’une opération en août,
dans le cadre de laquelle 2 000 policiers supplémentaires ont été déployés
le long de la frontière turque. « Il y a un effet de déplacement », a dit
Ewa Moncure, attachée de presse de Frontex, avant d’ajouter qu’un nombre
plus limité de migrants tentait d’entrer en Europe par la Bulgarie.
Bien qu’appartenant au territoire grec, les îles se trouvent à quelques
kilomètres seulement des côtes turques. Lorsque les conditions
météorologiques le permettent, les passeurs peuvent même les atteindre
dans de frêles embarcations gonflables. Il est cependant bien plus
dangereux de passer par la mer que par la terre et l’on compte déjà de
nombreuses victimes. En septembre, un bateau de migrants a heurté un récif
et a coulé tout près de la côte turque, faisant 61 morts, dont 31 enfants.
Autorités débordées
Cette nouvelle vague d’immigration par voie maritime cause bien des soucis
aux autorités locales. Elles ont reçu de leurs supérieurs à Athènes
l’ordre d’arrêter tous les migrants, mais elles ne disposent pas vraiment
des moyens nécessaires pour ce faire.
Le gouvernement a annoncé son intention d’ouvrir des centres d’accueil
pour les migrants sur les îles de Chios, Samos, Lesbos et Rhodes. En
attendant, les cellules des postes de police sont bondées et certains
migrants dorment dans des parcs ou des zones portuaires le temps que les
policiers leur délivrent un avis d’expulsion qui leur donne sept jours
pour quitter le pays.
« Ce document ne leur donne pas vraiment de statut juridique, mais s’ils
ne l’ont pas, ils ne peuvent pas acheter de ticket de ferry pour se rendre
sur le continent », a expliqué Ioanna Kotsioni, une spécialiste des
questions migratoires basée à Athènes et travaillant pour Médecins Sans
Frontières (MSF), qui s’est récemment rendue dans trois des ces îles pour
évaluer les conditions de détention.
« Pour l’instant, il n’y a pas d’évaluation de la vulnérabilité [des
migrants] ni de structures d’accueil adéquates », a dit Mme Kotsioni. «
Médicalement parlant, il n’y a aucun service et les cellules sont bondées.
Les familles avec enfants sont normalement libérées en priorité, mais en
règle générale, tout le monde est placé en détention, parfois pour un mois
ou plus. »
Lesbos, la plus grande des îles, a accueilli entre 400 et 500 migrants au
cours des deux derniers mois. Selon Antonios Safiadelis, de la garde
côtière de Lesbos, la plupart sont des Syriens, mais certains viennent
d’Afghanistan ou d’ailleurs. M. Safiadelis est le coordinateur local de
l’Opération Poséidon 2012, une initiative conjointe de la Garde côtière
hellénique et de Frontex lancée pour répondre à cette nouvelle tendance
des migrants à opter pour la voie maritime.
Selon M. Safiadelis, la plupart des bateaux transportant des migrants sont
appréhendés en mer. Ceux qui se trouvent toujours dans les eaux turques
sont invités à faire demi-tour et ceux qui ont déjà passé la frontière
maritime de la Grèce sont menés au port de Mytilène, la principale ville
de Lesbos. Les gardes-côtes enregistrent alors les migrants, prennent
leurs empreintes digitales et leur font passer un examen médical de base
avant de les remettre entre les mains de la police.
La tension monte
Tous les bateaux ne sont toutefois pas interceptés. Récemment, un canot
pneumatique transportant 23 réfugiés syriens a accosté de nuit sur la côte
nord de Lesbos. Le conducteur est reparti à toute vitesse et ce n’est que
le lendemain que les migrants ont découvert qu’ils étaient en Grèce.
« Nous pensions qu’il allait nous emmener en Italie », a dit Emmad Saeed,
un jeune homme de 23 ans qui avait entrepris ce voyage risqué avec ses
parents, ses deux jeunes frères et d’autres membres de sa nombreuse
famille élargie pour échapper aux bombardements aériens menés par le
régime du président Bachar Al-Assad sur son village, au nord-est de la
Syrie.
M. Saeed n’ignorait pas que la grave crise économique qui touche la Grèce
en avait fait un pays très peu accueillant pour les migrants et les
demandeurs d’asile. « La Grèce n’a rien à nous offrir alors nous allons
partir d’ici, mais nous ne savons pas comment », a-t-il dit à IRIN.
Après cinq heures de marche, M. Saeed et sa famille ont atteint le village
de Skalochori, où ils se sont reposés pendant quelques heures et ont mangé
un repas organisé par le prêtre local en attendant qu’un camion de police
les emmène au poste de Kalloni, à quelques kilomètres de là.
Avec un budget de seulement 5,50 euros par jour pour nourrir chaque
migrant, la police compte sur les dons de la population locale pour
compléter les repas et offrir d’autres produits de première nécessité.
Mais, selon Konstantina Sklavou, conseillère pour l’organisation non
gouvernementale (ONG) locale Synparxi, qui organise des dons et milite
pour la mise en place de structures d’accueil plus adaptées, la sympathie
à l’égard des migrants commence à s’éroder.
« Si le nombre [de migrants] continue d’augmenter, la minorité hostile
risque de prendre de l’ampleur, surtout si les conditions d’accueil ne
sont pas adaptées », a-t-elle dit, ajoutant que l’Aube dorée, le parti
politique d’extrême droite, qui a gagné en popularité pendant la crise
financière en exploitant le sentiment anti-migrant, était sur le point
d’ouvrir une section locale sur l’île de Lesbos. Jusqu’à présent, une
seule attaque apparemment raciste – contre deux migrants afghans qui ont
renoncé à porter plainte – a été signalée. Mme Sklavou craint cependant
que la présence de l’Aube dorée aggrave la situation.
Retour aux vieilles habitudes
L’afflux de migrants n’est pas nouveau à Lesbos et dans les autres îles de
la mer Égée, il a seulement repris après une interruption de près de trois
ans. Jusqu’en 2009, les passeurs préféraient la voie maritime et des
centres de détentions étaient en service sur les îles de Lesbos, Samos et
Chios. Selon Mme Kotsioni, de MSF, le changement de route généralisé
effectué par les passeurs, qui ont alors préféré passer par la frontière
terrestre turque plutôt que par la mer Égée, a eu lieu au début de l’année
2010, ce qui coïncide avec l’achèvement d’un programme de déminage dans la
région.
Des groupes comme MSF et Synparxi sont contre la réouverture des anciens
centres de détention. Les conditions de vie dans le centre de détention de
Pagani, à Lesbos, étaient si mauvaises que les groupes de défense des
droits de l’homme avaient réussi à imposer sa fermeture en novembre 2009.
« Il devrait y avoir des structures d’accueil dignes, qui prennent en
charge les groupes vulnérables et évaluent le besoin de protection
internationale des personnes », a dit Mme Kotsioni.
Personne n’est sûr que le flux de migrants continue. Cela dépend beaucoup
de ce qui va se passer à Évros, où la présence policière renforcée à la
frontière vient d’être prolongée pour deux autres mois. Par ailleurs, à
l’approche de l’hiver, il devient de plus en plus difficile de circuler
sur la mer Égée.
« D’ici novembre, la mer va devenir houleuse et s’ils heurtent un rocher
et tombent à l’eau, la plupart [des migrants] ne savent pas nager », a dit
M. Safiadelis, le garde-côte.
*Nom d’emprunt
*****
Irin news, 07 October 2012
MIGRATION: Influx shifts to Greek islands
http://www.irinnews.org/Report/96465/MIGRATION-Influx-shifts-to-Greek-islands
MYTILENE, 5 October 2012 (IRIN) - Just as Greece appears to have
successfully stemmed the flow of undocumented migrants crossing the land
border with Turkey, a new influx of migrants and asylum seekers has
started arriving on its eastern Aegean islands.
European border agency Frontex estimates the islands have been receiving
about 200 migrants per week since the August launch of an operation that
deployed an additional 2,000 police officers to the Greek-Turkish border.
“There is some displacement effect,” said Frontex press officer Ewa
Moncure, who added that a smaller number of migrants was also attempting
to reach Europe via Bulgaria.
Although Greek territories, the islands are just a few kilometres from the
Turkish coast, and are reachable in the right weather conditions by
smugglers in even flimsy inflatable boats. The route, however, is much
more perilous than a land crossing and has already resulted in fatalities.
During just one incident in September, involving a boat that struck
underwater rocks and sank just off the Turkish coast, 61 migrants died,
including 31 children.
Authorities overwhelmed
The new wave of sea arrivals is creating a headache for local authorities,
who have been instructed by their superiors in Athens to detain all the
migrants but have little capacity to do so.
The government has announced plans to open reception centres for migrants
on the islands of Chios, Samos, Lesbos and Rhodes, but for now police
station cells are overflowing, and some of the migrants are sleeping in
parks and port areas, waiting for the police to issue them a deportation
order that gives them seven days to leave the country.
“This document does not really provide them with a legal status, but
without it, they can’t buy a ferry ticket to the mainland,” explained
Ioanna Kotsioni, an Athens-based migration expert with Médecins Sans
Frontières (MSF), who recently visited three of the islands to assess
detention conditions.
“For now, there’s no vulnerability screening or proper reception
facilities,” said Kotsioni. “Medically speaking, there are no services and
the cells are overcrowded. Families with children are usually prioritised
for release, but the general line is that everyone is detained, in some
cases for a month or more.”
Lesbos, the largest of the islands, has received between 400 and 500
migrants in the last two months, many of them Syrians, but also Afghans
and other nationalities, according to Antonios Safiadelis of the Lesbos
Coast Guard. Safiadelis is the local coordinator of Operation Poseidon
2012, a joint effort by the Hellenic Coast Guard and Frontex to respond to
the new trend in sea arrivals.
Safiadelis said most boats containing migrants were apprehended at sea.
Those still in Turkish waters are encouraged to turn around, while those
already in Greek waters are brought to the port in Mytilene, Lesbos’ main
town, where they are fingerprinted and registered before undergoing a
basic health check and being turned over to the police.
Tensions mounting
But not all of the boats are intercepted. On a recent night, a rubber
dinghy bearing 23 Syrian refugees came ashore on Lesbos’ north coast. The
driver sped away, and it was not until the following morning that the
arrivals discovered they were in Greece.
“We thought he’d take us to Italy,” said 23-year-old Emmad Saeed*, who had
risked the journey with his parents, two younger brothers and large
extended family, to escape aerial bombardments in his village in
north-eastern Syria by President Bashar Al-Assad’s regime.
Saeed was well aware that Greece’s severe economic crisis had made the
country less than welcoming to migrants and asylum seekers. “Greece can’t
offer us anything so we’ll go from here, but how we don’t know,” he told
IRIN.
After a five-hour hike, Saeed and his family reached the village of
Skalochori, where they rested for a few hours and ate a meal organized by
the local priest while waiting for a police van to carry them to the
police station in nearby Kalloni.
With a budget of only 5.50 euros per day to feed each migrant, the police
are relying on donations from locals to supplement meals and provide other
necessities. But sympathy for the migrants is starting to wear thin, said
Konstantina Sklavou, a consultant with local NGO Synparxi, which is
organizing donations and advocating for the establishment of more
appropriate reception facilities.
“If the numbers keep increasing, the minority who are hostile may grow,
especially if there is no proper way to receive them,” she said, adding
that the extreme-right political party Golden Dawn, which has grown in
popularity during the financial crisis by exploiting anti-migrant
sentiment, is about to open a local branch on Lesbos. So far, only one
apparently racist attack has occurred - against two Afghan migrants who
declined to press charges - but Sklavou fears the presence of Golden Dawn
could aggravate the situation.
A return to old ways
For Lesbos and the other Aegean islands, the influx of migrants is not
new; it has only restarted after a hiatus of nearly three years. Until the
end of 2009, the sea route was favoured by smugglers, and detention
centres were in operation on Lesbos, Samos and Chios Islands. According to
Kotsioni of MSF, the dramatic shift from the Aegean route to Greece’s land
border with Turkey at the beginning of 2010 coincided with the conclusion
of a de-mining programme in the area.
Groups like MSF and Synparxi do not want to see the old detention centres
re-opened. Conditions at the Pagani Detention Centre in Lesbos were so
poor that human rights groups successfully lobbied for it to be closed
down in November 2009. “There should be dignified reception facilities
that take care of vulnerable groups and screen for persons in need of
international protection,” said Kotsioni.
No one is sure if the flow of migrants to the islands will continue. Much
depends on what happens in Evros, where the ramped-up border police
presence has just been extended for a further two months. And as winter
approaches, the Aegean will become more difficult to navigate.
“By November, we will have rough seas, and if they hit a rock and fall in,
most [of the migrants] don’t know how to swim,” said Safiadelis of the
Coast Guard.
*Not his real name





