Publié le 11 avril 2012 sur le site lalibre.be
par Renée-Anne Gutter Le mouvement de solidarité internationale avec les Palestiniens affrète une nouvelle “flottille”. Les forces israéliennes sont sur le qui-vive.
Correspondante à Jérusalem
Vigilance décuplée pour les forces de l’ordre israéliennes : le mouvement de solidarité internationale avec les Palestiniens récidive. Pour la troisième année consécutive, une "flottille aérienne" doit arriver ces dimanche et lundi à l’aéroport israélien Ben-Gourion, sous la bannière "Bienvenue en Palestine" .
Son objectif : participer à la construction d’un complexe scolaire près de Bethléem en Cisjordanie à l’invitation d’ONG palestiniennes, et par la même occasion "défier le siège israélien des territoires occupés" et "combattre l’isolement forcé de la Cisjordanie" en mettant en évidence les restrictions qu’Israël impose à l’accès des visiteurs étrangers aux territoires palestiniens.
Ainsi, selon les organisateurs, entre 1 500 et 2 500 personnes d’Europe, des Etats-Unis, du Canada et d’Australie comptent débarquer ces 15 et 16 avril en Israël. Individuellement, par vols réguliers de diverses provenances, mais de façon à arriver en masse durant ces 48 heures. Parmi eux, une cinquantaine de Belges. Dès leur arrivée, au contrôle des passeports, tous proclameront ostensiblement leur intention de "visiter la Palestine". Et de l’aéroport, ils devraient effectivement se rendre immédiatement à Bethléem.
Ils savent toutefois qu’en affichant leurs intentions pro-palestiniennes, ils risquent d’être refoulés à l’entrée d’Israël et renvoyés chez eux. Fin 2010, la centaine de participants de la première mission "Bienvenue en Palestine" était arrivée en Cisjordanie sans encombre. Mais l’été dernier, sur les 800 inscrits de la deuxième mission, 342 se sont vu interdire l’embarquement encore dans leur pays de départ, Israël ayant transmis aux compagnies d’aviation une liste d’"indésirables" Et quelque 130 "indésirables" qui étaient bien montés à bord, ont été arrêtés dès leur atterrissage à Ben-Gourion, brièvement détenus, puis expulsés vers leur aéroport d’origine.
Cette fois encore, Israël a confirmé qu’il transmettra aux aéroports étrangers une "liste noire" de quelques centaines de personnes, exigeant que celles-ci ne soient pas autorisées à embarquer, vu que leur arrivée en Israël serait considérée comme une "provocation politique" contre l’Etat juif. Mais à en croire les organisateurs palestiniens, les compagnies d’aviation refuseront d’obtempérer cette fois-ci et laisseront partir tous les participants, par crainte de s’exposer à de nouvelles poursuites de la part de voyageurs frustrés, comme l’an dernier.
Le problème que la "flottille aérienne" fustige est le manque de liberté de mouvement vers et dans les territoires palestiniens. Tout étranger voulant se rendre en Cisjordanie doit passer par un terminal frontalier israélien - l’aéroport international Ben-Gourion près de Tel-Aviv, le port de Haïfa, les passages terrestres à la frontière jordanienne. Or, quiconque est soupçonné de vouloir s’y rendre pour y participer à des campagnes anti-israéliennes est généralement refoulé et placé sur une "liste noire" s’il tait son intention d’aller en territoire palestinien, ou si Israël juge son plan de séjour en territoire palestinien inoffensif, le voyageur ne sera pas expulsé, mais il risque de voir son passeport marqué d’un tampon restrictif qui l’autorisera uniquement à circuler en territoire contrôlé par l’Autorité palestinienne, et non en Israël.
Ce week-end, en tout cas, la police israélienne va renforcer son dispositif dans et autour de l’aéroport, résolue à en découdre avec les "fomenteurs de troubles". "Aucune provocation ne sera tolérée", a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovitch, qui est déjà en plein préparatifs, "comme ferait tout autre pays, Israël empêchera l’entrée sur son territoire d’éléments hostiles" . Une tâche qui s’annonce d’autant plus ardue que ce week-end marquera la fin des vacances de la Pâque juive et que Ben-Gourion enregistrera précisément une de ses plus grandes affluences annuelles.
URL du billet: http://www.lalibre.be/actu/international/article/731506/nouvelle-migraine-pour-netanyahou.html





