Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), se laisse le droit « de recourir à tous les moyens » pour faire annuler l’exposition « Hamas » prévue la semaine prochaine à Angoulême. Il accuse le photojournaliste Frédéric Sautereau d’avoir fait « l’apologie du terrorisme », lequel nous a adressé cette lettre ouverte.
Lettre à monsieur Prasquier, président du Crif.
Auteur du travail d’enquête sur le Hamas qui doit être exposé à Angoulême à partir du 10 avril, je fais l’objet d’attaques et menaces répétées du Crif depuis plusieurs jours. Je tenais à pouvoir m’exprimer.
Tout d’abord, je regrette cette polémique mais surtout, je ne la comprends pas.
Monsieur Prasquier, président du Crif, m’accuse de faire l’apologie du Hamas et du terrorisme. Je mets au défi quiconque de trouver dans mon travail photos et textes, la moindre apologie du Hamas et encore moins du terrorisme.
Trois photos de bombardements israéliens
Dans les six premières lignes de mon texte de présentation, j’utilise trois fois le mot terrorisme. Je parle des attentats suicides du Hamas commis contre la population israélienne entre1994 et 2005 et des roquettes envoyées sur les villes israéliennes.Je mène cette enquête depuis plusieurs années où je montre les aspects politique, social et militaire du Hamas avec sa branche armée, l’embrigadement fait auprès des jeunes, les Palestiniens, hommes et femmes, qui s’opposent courageusement au Hamas dans la bande de Gaza et qui se font arrêtés et tabassés. Je montre un prisonnier dans la prison de Gaza torturé, par le Hamas, car accusé de collaboration avec Israël.
Et je montre des civils palestiniens blessés par des bombardements israéliens (trois photographies sur 88 que contient mon travail) où j’explique comment le Hamas aide financièrement les familles pour s’assurer, bien évidemment, de leur soutien.
Pensez-vous, monsieur Prasquier, que lorsque j’explique que le Hamas s’est approprié les terres des anciennes colonies de Netzarim et les revend à des Palestiniens alors que ces terres appartiennent à l’Autorité palestinienne et que je montre en photographie un des intermédiaires que le Hamas utilise pour effectuer ces transactions et s’enrichir, je fasse l’apologie du Hamas ?
Vous ignorez, visiblement, ce qu’est une enquête journalistique.
Interdisons les documentaires !
Il n’est pas question, pour moi, de liberté d’expression, il est juste question de respect envers un travail réalisé avec sérieux et honnêteté intellectuelle. Ces deux principes étant le fil conducteur de mon travail depuis dix-huit ans.Comment osez-vous, monsieur Prasquier, faire un lien direct entre mon travail et l’atroce massacre des enfants juifs de Toulouse ? Je me souviens au lendemain de ce drame des communautés juive et musulmane de France qui demandait de ne pas faire d’amalgame, c’est exactement, ce que vous faites. Si une enquête journalistique sérieuse peut entraîner un passage à l’acte, il faut interdire tout documentaire sur les guerres, la drogue, le nazisme, (je rappelle que vous comparez mon travail à une éloge du nazisme), il faut aussi interdire la télévision, le cinéma…
Le Hamas, prêt à reconnaître Israël
Oui, la charte du Hamas écrite, il y a plus de 25 ans, est un ramassis d’antisémitisme et autres ignominies. Mais mon analyse du Hamas, de ces trois dernières années, m’amène à dire que le Hamas aujourd’hui est prêt à reconnaître l’existence de l’Etat d’Israël. En acceptant de discuter avec Israël sur les frontières de 1967, c’est une acceptation implicite de son existence. Je ne suis pas le seul à le dire, c’est le constat de tout observateur, un peu sérieux, de ce conflit. Et en tant que journaliste, je trouve qu’observer et raconter cette évolution me paraît importante, notamment vers un espoir, enfin, d’une paix durable dans la région. Le Hamas a aujourd’hui les mêmes problèmes à contrôler le djihad islamique et les Comités de résistance populaire que le Fatah avait avec le Hamas, il y a dix ans.Ephraïm Halévy, ancien chef du Mossad, a déclaré en janvier 2011 :
« Le Hamas est en train d’évoluer vers une acceptation de l’Etat d’Israël, les islamistes ne le disent pas ainsi. Ils disent quelque chose de différent : qu’ils acceptent un Etat palestinien dans les frontières de 67. Si on comprend leur langage, c’est-à-dire qu’au-delà de cet Etat, il y a un autre Etat, c’est Israël. ».Il dit également que l’Occident a tort de ne pas parler avec les islamistes palestiniens.
Monsieur Prasquier, accusez-vous, Ephraïm Halévy, ancien chef du Mossad, de faire l’apologie du Hamas et du terrorisme ?
Une nouvelle fois, le Crif se trompe de cible.
Je suis triste, monsieur Prasquier, car à travers votre voix, le Crif ne fait pas honneur à la communauté juive française qu’il est censé représenter. Je le déplore.
Je vous invite, cordialement, au débat qui doit avoir lieu à Angoulême le mercredi 11 avril, à 20 heures, où, je l’espère, nous pourrons avoir un échange intelligent sur ce conflit.
Bien à vous.
Frédéric Sautereau, photojournaliste.
URL du billet: http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/04/05/lettre-ouverte-richard-prasquier-le-crif-se-trompe-de-cible-230894
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Angoulême: le Crif va "recourir à tous les moyens" pour faire interdire l’expo «Hamas»[+vidéo]
Et puisqu'on y est...
La charte du Hamas contre celle du Likoud
Publié le 3 février 2012 sur le site ism-france.org/
Par Khaled Amayreh
Le gouvernement israélien rejette catégoriquement l’établissement d’un Etat arabe palestinien à l’ouest du Jourdain."
Les combattants de la propagande sioniste clament qu’il est impossible de parler au Hamas parce que sa charte, rédigée en 1988, appelle à la destruction de l’Etat d’Israël.
Ismael Haniyeh, dirigeant du Hamas, a dit publiquement que le Hamas était prêt à accepter un Etat palestinien dans les frontières de 1967 et que par conséquent, il reconnaîtrait de fait Israël.
La charte du Likoud, qui date de 1999, est disponible sur le site du gouvernement israélien.
Elle dit :
« Les communautés juives de Judée, Samarie et Gaza sont la réalisation des valeurs sionistes. La colonisation de cette terre est l’expression claire du droit inaliénable du peuple juif à la Terre d’Israël et constitue un atout important dans la défense des intérêts vitaux de l’Etat d’Israël. Le Likoud poursuivra le renforcement et le développement de ces communautés, et empêchera leur déracinement. »
(...)
Le gouvernement israélien rejette catégoriquement l’établissement d’un Etat arabe palestinien à l’ouest du Jourdain.
La Judée et la Samarie sont la Cisjordanie .
Le Likoud va vraisemblablement remporter les élections de février en Israël. Son chef, Benjamin Netanyahu, promet d’étendre les colonies sionistes en Cisjordanie , position qui viole la loi internationale, la feuille de route et les autres plans de paix.
LA PLATEFORME DU LIKOUD
Ci-dessous des extraits du chapitre “Paix et Sécurité” de la plateforme du Parti Likoud.
Les fondements de la paix
La paix est l’objectif premier de l’Etat d’Israël. Le Likoud renforcera les accords de paix antérieurs avec les Etats arabes et s’efforcera de conclure des accords de paix avec tous les voisins d’Israël, dans le but de parvenir à une solution globale du conflit arabo-israélien.
Le Likoud cherchera à parvenir à la paix et à des frontières permanentes dans le cadre des traités de paix entre Israël et ses voisins, et cherchera une coopération avec eux au niveau pratique. Les accords de paix comprendront des relations diplomatiques totales, des frontières ouvertes à la libre circulation, la coopération économique et l’établissement de projets conjoints dans les champs de la science, de la technologie, du tourisme et de l’industrie.
L’engagement des Etats arabes envers la paix sera mesuré à l’aune de leurs efforts pour empêcher les activités hostiles des organisations terroristes sur leur territoire et le démantèlement de l’infrastructure de ces organisations. Ceci inclut la fermeture de leurs quartiers généraux et la prévention de guerres économiques et politiques et de tout acte hostile pendant les négociations.
LES PALESTINIENS
Déclaration d’un Etat
Une déclaration palestinienne unilatérale de l’établissement d’un Etat palestinien constituera une violation fondamentale et substantielle des accords avec l’Etat d’Israël et le sabordage des accords d’Oslo et de Wye. Le gouvernement adoptera les mesures immédiates draconiennes dans l’éventualité d’une telle déclaration.
Colonies
Les communautés juives en Judée, Samarie et Gaza sont la réalisation des valeurs sionistes. La colonisation de cette terre est l’expression claire du droit inaliénable du peuple juif à la Terre d’Israël et constitue un atout important dans la défense des intérêts vitaux de l’Etat d’Israël. Le Likud poursuivra le renforcement et le développement de ces communautés, et empêchera leur déracinement
La partition du Néguev
Israël rejette sur le champ les idées soulevées par les dirigeants du Parti Travailliste concernant l’abandon de parties du Néguev aux Palestiniens. Dans la pratique, ce projet signifierait que la « Ligne Verte » ne serait plus considérée comme une « Ligne Rouge », ce qui nous rapprocherait du plan de partition de 1947 puisque il ouvrirait la porte au principe que le sort de la Galilée, du Triangle et d’autres partis à l’intérieur d’Israël serait négociable. Le Likoud affirme que de telles propositions de la direction du Parti Travailliste peuvent littéralement provoquer la dislocation de l’Etat d’Israël.
Les Accords d’Oslo et de Wye River
Le Gouvernement d’Israël sauvegardera les intérêts vitaux de l’Etat dans les négociations avec l’Autorité Palestinienne. Ayant établi et méticuleusement adhéré au principe de réciprocité dans les négociations et d’application des accords, y compris le Mémorandum de Wye River, le gouvernement continuera à conditionner leur mise en oeuvre à la réalisation des engagements palestiniens. Le gouvernement continuera à exiger l’accomplissement des obligations palestiniennes suivantes :
. Guerre contre le terrorisme
L’autorité Palestinienne doit lancer une guerre systématique contre les organisations terroristes et leurs infrastructures. L’AP doit non seulement intensifier ses efforts pour empêcher les attaques, mais aussi agir avec détermination pour empêcher des actes terroristes potentiels en démantelant l’infrastructure terroriste qui s’est développée et s’est élargie dans les zones de l’AP depuis les Accords d’Oslo.
. Fin de l’incitation
Mettre fin à l’incitation contre Israël dans les médias palestiniens, le système éducatif et toutes les autres institutions palestiniennes et changer le mode anti-Israël habituel des médias et du système éducatif palestinien pour la reconnaissance d’Israël et le développement de relations de voisinages pacifiques et bonnes entre Juifs et Arabes.
. Collecte des armes
La confiscation des armes illégales détenues par les civils palestiniens et le retrait des armes des forces de l’AP autres que celles permises selon les accords concernant les secteurs extérieurs au territoire de l’AP.
. Réduire la taille de la police de l’AP
La taille de la police de l’AP doit être réduite au niveau permis selon l’accord.
Le statut permanent
Les objectifs globaux pour le statut final avec les Palestiniens sont : mettre fin au conflit entre Israël et les Palestiniens sur la base d’un accord stable et durable et remplacer la confrontation par un bon voisinage et la coopération, tout en sauvegardant les intérêts vitaux d’Israël comme Etat juif sioniste sécurisé et prospère.
Le gouvernement Likoud honorera tous les accords internationaux signés par ces prédécesseurs et s’efforcera de parvenir à un accord de statut final avec les Palestiniens. Le dialogue et les négociations politiques sont les seules manières de parvenir à un accord de statut final.
L’accord de statut permanent minimisera les dangers sécuritaires implicites dans les Accords d’Oslo. Le premier de ces dangers est la présence et l’expansion possible des forces sécuritaires palestiniennes à courte portée des centres israéliens de population, des bureaux du gouvernement, des structures d’urgence et des zones d’entraînement des Forces Israéliennes de Défense.
L’accord de statut permanent sera basé sur les principes suivants :
Autonomie
Le Gouvernement d’Israël rejette catégoriquement l’établissement d’un Etat arabe palestinien à l’ouest du Jourdain.
Les Palestiniens peuvent gérer librement leurs vies dans le cadre de l’autonomie, mais non en tant qu’Etat indépendant et souverain. Ainsi, par exemple, en matière d’affaires étrangères, sécurité, immigration et écologie, leurs activités doivent être limitées aux impératifs de l’existence, de la sécurité et des besoins nationaux d’Israël.
Jérusalem
Jérusalem est la capitale éternelle et unie de l’Etat d’Israël et seulement celle d’Israël. Le gouvernement rejettera catégoriquement les propositions palestiniennes de partage de Jérusalem, y compris le projet de diviser la ville présenté à la Knesset par les factions arabes et soutenu par de nombreux membres du Parti Travailliste et du Meretz. Le gouvernement rejette fermement les tentatives de sources diverses dans le monde, certaines d’origine antisémite, de remettre en question le statut de Jérusalem comme capitale d’Israël, et les 3000 années de lien spécial entre le peuple juif et sa capitale. Pour s’en assurer, le gouvernement poursuivra les décisions fermes qu’il a adoptées jusqu’à aujourd’hui :
. aucune activité diplomatique ne sera autorisée à la Maison d’Orient. Le gouvernement a mis fin au flot de visites des chefs d’Etat et des ministres à la Maison d’Orient, amorcée sous le gouvernement de gauche.
. la présence de la police israélienne à Jérusalem Est sera accrue. Ceci en plus de nouveaux postes de police et de renforcements dans les quartiers.
Le gouvernement Likoud agira avec vigueur pour continuer la résidence juif et renforcer la souveraineté israélienne dans les quartiers est de la ville, tout en amplifiant les améliorations des conditions de vie et de sécurité des résidents arabes. En dépit des protestations de la gauche, le gouvernement Likoud a constamment approuvé la continuation de la présence juive à l’intérieur de la Vieille Ville et dans la « Cité de David ».
Le Jourdain comme frontière permanente
La Vallée du Jourdain et les territoires qui la dominent seront sous souveraineté israélienne. Le Jourdain sera la frontière orientale permanente de l’Etat d’Israël. Le Royaume de Jordanie est un partenaire souhaité dans l’accord de statut permanent entre Israël et les Palestiniens sur des sujets sur lesquels il faudra convenir.
Zones de sécurité
Le gouvernement a réussi à réduire de façon significative l’extension du territoire que les Palestiniens espéraient recevoir par l’accord intérimaire. Le gouvernement insistera sur le fait que les zones de sécurité essentielles à la défense d’Israël, dont la zone de sécurité occidentale et les colonies juives, demeureront sous autorité israélienne.
Le Golan
Se basant sur la proposition du gouvernement dirigé par le Likoud, la 10ème session de la Knesset a promulgué la loi étendant la juridiction et l’administration israéliennes sur les Hauteurs du Golan, établissant ainsi la souveraineté israélienne sur ce secteur. Le gouvernement continuera à renforcer la colonisation juive sur le Golan.
Liban
Israël agira pour faire appliquer la résolution 425 du Conseil de Sécurité des Nations Unies de retirer les Forces Israéliennes de Défense du Liban, tout en garantissant des accords sécuritaires appropriés de manière à défendre ses citoyens au nord du pays et à garantir la sécurité des membres de l’armée du sud Liban. Israël s’abstiendra de toute démarche imprudente qui pourrait déplacer la ligne de front du sud Liban au nord de la Galilée.
Syrie
Israël continuera à chercher le renouvellement des négociations de paix avec la Syrie sans conditions préalables.
Source : Exposing Israel
Traduction : MR pour ISM
URL du billet: http://www.ism-france.org/analyses/La-charte-du-Hamas-contre-celle-du-Likoud-article-11112





