par Paul Moreira
Le relativisme de la gauche est désespérant. Cette propension a vouloir toujours rester subtil, à intellectualiser, à culpabiliser...
La droite de Claude Guéant, elle, n'a pas ces émois de violette. Elle cogne. Univoque et compacte comme une barre de fer. Elle occupe le centre du débat et elle gagne la suprématie culturelle.
Par exemple. Je me souviens d’un petit épisode récent. L’affaire Sylvie François, ça vous dit rien ? Mais si… la française de souche agressée par les prières de rue des musulmans dans son quartier natal de Barbès où elle ne pouvait plus acheter d’alcool ni manger de cochon et qui voulait donc organiser un apéro saucisson pinard à la Goutte d’Or. Elle avait envahi les médias en juin 2010. Derrière, des journalistes de la droite dure avaient relayé en chœur. Zemmour hurlait à la « guerre de religion » et Rioufol du Figaro à la « résistance contre l’invasion ». Ça c’est pas des demi portions relativistes !... Bon, il se trouve que tout était bidon. Que Sylvie François n’habitait pas la Goutte d’Or mais en Alsace et qu’elle ne s’appelait pas Sylvie François mais Véronique B. et que la manipulation était organisé par un groupuscule aux sympathies néo-nazies, le Bloc Identitaire. Pas grave… L’important quand on n’est pas relativiste et conscient de la supériorité de ses idées et de sa civilisation, c’est de gagner la bataille de la perception. Le Bloc identitaire a réussi à créer le débat médiatique. D’ailleurs, Claude Guéant tenait sa partie dans le concert des non relativistes en embrayant derrière « Sylvie François » sur les prières de rues et trop de musulmans. Les prières de rues des musulmans, c’est comme l’invasion de la Wermacht en 40, déclarait Marine Le Pen sur France Info…
Ça claque, non ?...
Mais voilà, la gauche, elle, non… Elle est timide.
Prenez l’incident à l’Assemblée Nationale. Le député Serge Letchimy trouve que l’accumulation des déclarations de Guéant lui rappelle un peu les pires heures de notre histoire. Et voilà que cet apparenté socialiste (un noir des dom-tom…) ose le dire. Illico-presto, toute l’UMP quitte l’hémicycle, scandalisée. La liberté d’expression a des limites. Restez correct, monsieur.
Que fait le PS ? Il soutient son apparenté du bout des lèvres.
Peu de jours avant, j’ai vu une scène étrange dans une émission du service public (« Ce soir ou jamais »). Richard Millet, ancien milicien phalangiste, qui a avoué dans un livre avoir tué des hommes, des femmes, des vieillards, « peut-être des enfants » au Liban. Parce qu’arabes et musulmans, donc. Un monsieur lettré, attention… Editeur chez Gallimard et écrivain raffiné. Sur le plateau, il déclare qu’il souffre d’être le seul blanc dans le métro à Chatelet et qu’il ne supporte plus les mosquées. Est ce que les gens de gauche se sont insurgés ? Non. Il y avait une écrivain, noire, qui riait, genre : mais qu’est ce qu’il fume celui là ?... Une pause comme une autre… Faut bien se trouver une contenance. Richard Millet lui a fait son regard de milicien phalangiste qui rentre dans les camps de Sabra et Chatila en lui rappelant qu’il avait fait la guerre au Liban. Sous-texte : toi la civile désarmée, tu te tiens tranquille…
Si la gauche avait dans ses rangs une Nadine Morano, quelqu’un avec du répondant, elle enverrait un truc du genre : « Donc là, nous avons un ancien membre des Einsatzgruppen qui vient nous dire que la simple vue d’une synagogue lui est intolérable… »
Mais non, les types de gauche, ils n’ont qu’une peur : être taxés d’apôtres du politiquement correct.
Claude Guéant on peut lui reprocher beaucoup de choses, notamment un certain manque de swing (peut être du à un excessif attachement à la supériorité de sa civilisation…) mais pas un manque d’efficacité.
URL du billet: http://premiereslignes.blogs.nouvelobs.com/archive/2012/02/09/claude-gueant-a-raison.html