En faisant de Jacob « Jack » Lew son nouveau directeur de cabinet, Barack Obama sait déjà qu’il devra se passer de ses services du vendredi après-midi au samedi soir. À 56 ans, celui qui dans quelques jours deviendra de facto le numéro 2 de la Maison Blanche, est en effet un chomer Chabbat. Un mode de vie qui ne l’a donc pas empêché de gravir tous les échelons de l’administration américaine.
Directeur du budget sous la présidence Clinton, Jack Lew a ensuite rejoint le camp Obama, devenant secrétaire d’État adjoint (l’équivalent du Ministère des Affaires étrangères), puis de se voir à nouveau confier le Budget. « Ses conseils dans le domaine économique sont toujours judicieux. J’ai une entière confiance en lui, car c’est un spécialiste des chiffres et dans les hautes valeurs qui se cachent derrière ces chiffres », a ainsi expliqué le président américain pour justifier sa nomination comme chef de Cabinet en remplacement de William Daley, démissionnaire.
À propos de la fidélité de Jack Lew aux commandements de la Torah, on raconte à Washington, qu’il avait refusé de prendre au téléphone Bill Clinton qui l’avait appelé chez lui durant Chabbat, malgré les exhortations présidentielles sur son répondeur. Une scène inimaginable en France, d’autant que le président ne lui en avait pas tenu rigueur.
Fils d’immigrés polonais, Jack Lew est un vrai « froum », affilié à l’Orthodox Union (OU), sorte de super consistoire orthodoxe américain. L’un de ses deux fils a d’ailleurs étudié à la yéchivat Mir de Jérusalem. Mais la réputation du nouveau bras droit de Barack Obama s’est également bâtie dans son action en faveur des refuzniks d’URSS. Il a par exemple été à l’origine de l’immense manifestation (250 000 manifestants) organisée à Washington pour demander leur libération des geôles soviétiques.
« Il a joué un rôle déterminant au Congrès où il était l’un des conseillers du président de la Chambre des représentants », a ainsi rappelé cette semaine Nathan Charansky.
Les représentants de principales organisations juives américaines se sont également félicités de la nomination de l’un des leurs à un poste clé de l’administration Obama. « Jack Lew possède de très grandes qualités et une immense intelligence. C’est un travailleur acharné, toujours au service du bien public », a par exemple déclaré rav Abba Cohen, le vice-président de l’Agoudat Israël aux États-Unis, ajoutant qu’« il a toujours été attentif aux besoins de la communauté juive ».
Au niveau politique, cette nomination est également un joli coup pour Barak Obama à neuf mois des prochaines élections. Il envoie en effet un signal fort en direction des électeurs juifs, en particulier les orthodoxes, qui se sont largement détournés de lui depuis le début de son mandat. Or, ceux-ci pourraient bien faire basculer le scrutin dans certains États clés, comme à New York ou en Floride.
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