Manifestation à Jérusalem contre les projets israéliens visant les villages bédouins

Publié le lundi 12 décembre 2011 sur le site info-palestine.net
Saed Bannoura /Imemc et Agences

Des milliers de Palestiniens du territoire de 1948 ont manifesté dimanche devant les bureaux du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à Jérusalem, pour protester contre le « Plan Braver » qui cible au moins 30 villages bédouins arabes du Néguev, foyers de plus de 100 000 personnes.

(JPG)
Manifestation dimanche à Jérusalem.

L’appel à manifester a été lancé par le Haut Comité de suivi qui représente les Arabes dans la Palestine historique. C’est la première grève de la sorte depuis le début de l’Intifada al-Aqsa Palestine en 2000, indique Al Jazeera (Qatar).

Le Plan Braver vise à confisquer de façon illicite près d’un million de dunums (100 000 ha) de terres arabes bédouines dans le Néguev, et à la destruction et la suppression totales de 30 « villages non reconnus », qui conduiraient au déplacement de près de 100 000 personnes.

En déplaçant les Arabes du Néguev, et en construisant des centres commerciaux et des zones « pour juifs seulement », Israël s’oppose à toute contiguïté géographique entre le Néguev, Gaza et le Sinaï.
Le plan veut pousser les Bédouins (environ 200 000 personnes) dans le secteur d’As-Siyaj (sur moins de 100 000 dunums de terre), faisant de ce secteur un vaste camp de réfugiés surpeuplé.

Selon Al Jazeera, le directeur du Comité de suivi arabe, Mohammad Zeidan, a dit à son journaliste, Waleed Al Omary, que la grève générale et l’unité dans cette manifestation massive sont un message adressé à Netanyahu et à son gouvernement, qui les informe que le Néguev est pour ses habitants, pour ses propriétaires d’origine, et que ces habitants refusent d’être déplacés.

Il ajoute que les Arabes en Israël s’imprègnent de l’atmosphère de l’ « Intifada de la Terre », et que le cabinet israélien traite les Arabes du pays avec une mentalité coloniale et les considère comme une menace géographique et sécuritaire.

S’adressant au Premier ministre israélien par le biais d’Al Jazeera, Zeidan déclare que « la Nakba de 1948 ne se renouvellera pas et que le dénommé Plan Braver est une tentative israélienne pour répéter le déplacement du peuple palestinien ».
« Mais nous sommes ici pour affirmer que c’est nous qui déterminons notre avenir, sur notre terre », ajoute Zeidan, « soit nous vivrons sur notre terre dans la dignité, soit nous serons enterrés dans son sol comme des martyrs ».

Plusieurs partis arabes du pays mettent en garde le gouvernement israélien devant les conséquences de ses plans de déplacements, et déclarent que « les gens sont dévoués à leurs terres, qu’ils affirment leur droit légitime comme propriétaire dans le Néguev ».

Un député arabe de la Knesset, Talab Es-Sane’, du village arabe du Néguev, a dit à Al Jazeera qu’Israël est en train de créer une tension dans le Néguev comme s’il recherchait un conflit armé avec les Bédouins, ce qui donnerait à Tel Aviv un prétexte pour les expulser.

Il ajoute que les partis fondamentalistes de droite qui dominent le cabinet israélien veulent ce conflit armé avec les Bédouins au Néguev, garantissant à Israël la possibilité de clamer à la communauté internationale que les Bédouins, et les Arabes en général, sont une menace pour sa sécurité.

Mais il a aussi mis en garde que les mesures israéliennes illicites allait conduire à un soulèvement populaire dans le sud, et que ce soulèvement s’étendra aux villes arabes du pays.

Pour Sheikh Siyah At-Touory, chef du village bédouin Al Araqeeb, dans le Néguev, les habitants resteront fermes et ne quitteront jamais leur terre historique même si Israël a déjà démoli le village 32 fois, cette année.
At-Toury dit que les Arabes et les Bédouins font face à une féroce confrontation avec Israël, ajoutant que tous les plans israéliens qui visent au déplacement des Bédouins hors du Néguev ont été mis en place par des responsables militaires israéliens qui considèrent les Arabes et les Bédouins comme les ennemis du pays, et non comme les natifs de cette terre.

Et il ajoute que les allégations israéliennes selon lesquelles Tel Aviv cherche à développer le Néguev sont fallacieuses, ce que veut Tel Aviv, c’est retirer les Bédouins du Néguev et les remplacer par des colonies et des centres commerciaux israéliens.

« C’est une guerre contre l’existence même du peuple arabe et palestinien dans le pays » dit-il, « Personne n’a le droit de déterminer notre avenir, quiconque compromet notre avenir est un traître, un criminel ».

Wasel Taha, président de l’Assemblée démocratique nationale : « La bataille du Néguev prouve l’unité des Palestiniens dans le pays »... « Israël misait sur l’échec de la grève et de la manifestation, mais très vite il a eu sa réponse, et notre peuple marche par milliers ».

A Al Jazeera, il a dit que « bien qu’Israël prétende être l’Oasis de la démocratie dans la région, il pratique une politique de nettoyage ethnique, le racisme et commet des crimes contre le peuple palestinien ».

« Notre légitimité c’est que nous possédons cette terre, ce pays, notre pays n’est pas une mallette pour voyager », dit Taha, « Aujourd’hui, nous faisons l’histoire, aujourd’hui est le jour le plus important de notre combat pour notre terre, pour notre peuple, pour notre existence ».

(JPG)
Manifestation de dimanche, à Jérusalem.
(JPG)

Village bédouin
Lundi 12 décembre 2011 - IMEMC - photos : Al Jazeera - traduction : Info-Palestine