 Le Montpelliérain Kamal Mahmoud (au centre) a assisté début novembre en Afrique du Sud à la session du Tribunal Russel sur la Palestine. PHOTO DAVID MAUGENDRE Un Montpelliérain présent au Tribunal Russell pour la Palestine en présente les conclusions. Il s’est déroulé début novembre un événement majeur, étouffé sous une chape de silence par la plupart des médias français. Le Tribunal Russell pour la Palestine (TRP), qui s’est réuni symboliquement en Afrique du Sud, a estimé que les pratiques israéliennes à l’égard du peuple palestinien relevaient, aux yeux du droit international, d’un crime d’apartheid. Un écho qui peine à se frayer un chemin dans l’opinion, tant, semble-t-il, le sujet dérange.
C’est la raison pour laquelle le montpelliérain Kamal Mahmoud, ancien président de l’association des Palestiniens de France, présent au Cap durant les débats, a choisi de se faire le porte-parole des conclusions de cette troisième session du TRP. Durant deux jours, un jury présidé par l’ancien résistant et diplomate français Stéphane Hessel, appuyé par une équipe de juristes spécialisés en droit international, a entendu 25 experts et témoins : Palestiniens, Israéliens, Sud-Africains, Européens, Américains… Les conclusions sont accablantes. « En droit international, trois critères doivent être réunis pour pouvoir qualifier l’apartheid : deux groupes raciaux distincts, des actes inhumains commis par le groupe dominant et que ces actes soient perpétrés dans le cadre d'un régime institutionnalisé de domination d’un groupe sur l’autre », détaille Kamal Mahmoud. De nombreux témoignages de pratiques constituant des « actes inhumains » ont été recueillis : privation de vie au cours d’opérations militaires ou d’assassinats ciblés ; torture et mauvais traitements ; arrestations arbitraires ; violation des droits humains empêchant les Palestiniens, y compris les réfugiés, d’exercer leurs droits politiques, économiques, sociaux, culturels…
« Coopérer pour mettre fin à cette situation illégale »
Des actes « suffisamment enracinés dans la législation, la politique générale et les institutions officielles pour être qualifiés d’institutionnalisés », estime le TRP. Et un apartheid qui se double, toujours selon les conclusions du TRP, de crime de persécution (qui est un crime contre l’humanité) : siège et blocus de la bande de Gaza comme punition collective de la population civile ; destruction de maisons de civils ; impact du Mur sur la population civile de Cisjordanie et Jérusalem Est.
Le TRP, tribunal d’opinion dont les sentences n’ont aucun caractère contraignant, a émis, après examen, une série de recommandations qui engagent notamment Israël à « démanteler immédiatement son système d’apartheid » et l’ensemble des États à « coopérer pour mettre fin à cette situation illégale ». En soutenant, pour commencer, l’adhésion de la Palestine à l’ONU – l’Autorité palestinienne vient en effet d’adresser au Conseil de sécurité des Nations Unies une demande de reconnaissance et d’admission d’un État Palestinien. Mais c’est enfin et surtout à l’opinion publique de se saisir de ce déni de justice afin de rétablir la Palestine et les Palestiniens dans leurs droits. « L’apartheid en Afrique du Sud n’a pas disparu grâce à l’action individuelle des gouvernements, mais grâce à la pression de l’opinion publique qui a poussé l’ONU à déclencher un processus invitant au blocus et aux sanctions », encourage Olivier Gros, membre du collectif héraultais « La Palestine à l’ONU ». « De la même façon que l’intervention citoyenne a été un levier pour abolir l’apartheid en l’Afrique du Sud, nous avons notre part dans cette bagarre », renchérit Robert Kissous, président de l’association France Palestine Solidarité 34.
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