Le printemps arabe serait dangereux pour Israël, qui se met à faire des «offres de paix» aux Palestiniens, ces derniers étant convaincus qu’il ne les tiendra pas.
Ce printemps astreint à un devoir de vérité et les opinions arabes ont montré que la politique est un tout. Et tout le monde se rappelle comment certaines capitales ont réagi à la suite de la chute du président Hosni Moubarak. «Que deviendra l’accord de paix israélo-égyptien ?», entendait-on avec insistance. Ou encore au sujet de la livraison de gaz égyptien à Israël. Le monde semble changer avec l’intrusion de l’opinion publique arabe qui a rompu le silence auquel elle était astreinte. Dans un autre sens, la contestation sociale en Israël a déjà pris un contour politique puisque les centaines de milliers d’Israéliens, qui battent le pavé, contestent aussi la politique de sécurité du Premier ministre.
Un bien sérieux qui explique justement l’activisme israélien, allant jusqu’à envisager de renoncer à ce qui tient lieu d’option stratégique. Il s’agit de son fameux refus de revenir aux frontières de juin 1967. Pour avoir également mal évalué l’avis de l’opinion internationale, cette dernière s’apprête très certainement à voter en faveur de l’admission de l’Etat de Palestine au sein de l’ONU. Après avoir traité cette éventualité avec beaucoup de légèreté et même de la dérision, Israël se rend à l’évidence. Revenir à la table des négociations, avec cette fois le retour aux frontières de juin 1967, en d’autres termes l’application de la résolution 242 de juin 1967. Mais absolument, et les Palestiniens le savent bien, de telles déclarations ne sont en rien une attestation de la bonne foi des Israéliens. Il y a dans ce contexte une conjonction de faits et le plus significatif pourrait être le récent échec du Quartette, ce forum informel qui n’a jamais su honorer ses propres engagements, comme la création d’un Etat palestinien indépendant en 2005.
Il reste que les Palestiniens ont fait preuve d’anticipation en annonçant qu’ils allaient demander l’adhésion à l’ONU, excluant une reprise des négociations avec Israël avant l’Assemblée générale de l’organisation mondiale. «Nous allons au Conseil de sécurité, via une requête au secrétaire général des Nations unies, pour obtenir une adhésion à part entière à l’ONU et la reconnaissance de la Palestine sur les frontières de 1967», a déclaré la semaine dernière le président de l’Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas a opté pour ce choix lorsque plus aucun choix ne lui était laissé. «Nous avons dit à maintes reprises que les négociations étaient notre premier, deuxième et troisième choix, mais après l’échec du Quartette à poser comme bases de négociations l’arrêt de la colonisation et les frontières de 1967 pour l’Etat palestinien, il est trop tard pour les négociations, il n’y a plus de temps, nous allons à l’ONU», a-t-il souligné.
A vrai dire, rares sont ceux qui croyaient en l’action du Quartette pour n’avoir jamais pu imposer à Israël sa fameuse feuille de route stipulant explicitement l’arrêt de la colonisation israélienne. Déterminée à mettre ses chiffres à jour, l’ONU indique que du fait de cette politique, près de 700 Palestiniens se sont retrouvés sans abri à la suite des démolitions israéliennes en Cisjordanie, au premier semestre 2011, soit davantage que sur toute l’année 2010.
Comment parler de paix dans de telles conditions ? Les temps ont changé et les dirigeants en semblent conscients. Ce qui explique leur toute récente proposition. A l’approche de la session ordinaire de l’Assemblée générale, le mois prochain, le temps est donc compté. Et le vote de l’ONU devrait même rappeler une vérité historique et secouer la conscience des nations en vue de rendre justice au peuple palestinien.