Publié le 30 mai 2011 sur le site cyberpresse.ca
Ian Bussières |
Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, que l'on voit en train de se recueillir en Grèce avec sa femme Laureen là où les nazis ont massacré 696 hommes, en 1943, a mis «le curseur un peu plus du côté d'Israël», selon Sami Aoun, professeur à l'Université de Sherbrooke. La Presse Canadienne
Jeudi, M. Harper avait endossé la position du président américain, Barack Obama, en faveur d'une telle solution, alors que samedi, le journal israélien Haaretz déclarait que c'est à la suite des discussions entre Stephen Harper et son homologue israélien, Benyamin Nétanyahou, qu'aucune mention des frontières de 1967 n'était inscrite dans le communiqué final du G8 vendredi.
Selon Haaretz, le premier ministre israélien aurait affirmé à M. Harper qu'aborder la question des frontières serait nuisible aux intérêts de son pays, en plus d'être perçue comme une récompense pour les Palestiniens.
À la conclusion du sommet, des médias ont cité des diplomates ayant affirmé que la proposition de M. Obama avait été exclue de la déclaration du G8 en raison d'objections soulevées par le Canada.
Hier, le directeur des communications de Stephen Harper, Dimitri Soudas, a cependant déclaré que le premier ministre n'avait pas discuté avec Nétanyahou au sujet du G8 et que ses opinions en faveur d'un processus diplomatique favorisant une solution à deux États étaient bien connues.
Cohérence
Pour M. Aoun, que Stephen Harper ait tenté ou non d'influencer le libellé du communiqué du G8, sa position demeure cohérente avec celle du gouvernement conservateur depuis son accession au pouvoir.
«Même sous un gouvernement libéral, la politique canadienne n'a jamais été une politique neutre, mais une politique de médiation avec une certaine sympathie pour la cause juive. Avec l'arrivée au pouvoir des conservateurs, on a mis le curseur un peu plus du côté d'Israël», illustre le professeur de l'Université de Sherbrooke.
Sami Aoun souligne aussi que la déclaration du président Obama parlait bien d'un État palestinien basé sur les frontières de 1967, et non pas utilisant les frontières exactes de 1967. «Même M. Obama ouvre la porte à des accommodations sur les frontières», souligne-t-il en rappelant la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui stipule que ces frontières doivent être un point de départ.
Impossible
Le politologue considère d'ailleurs que d'accepter telles quelles les frontières de 1967, qui rendraient à un État palestinien la totalité de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et du plateau du Golan, serait impossible en raison des réalités sur le terrain.
«Il faut accepter ça comme point de départ, mais ensuite il faut discuter du noeud du problème. Tout d'abord, Jérusalem. Est-ce qu'on partage la ville entre les Israéliens et les Palestiniens? Qu'advient-il des lieux saints? Ensuite, le droit de retour. Est-ce que les colons juifs retournent en Israël ou demeurent en Palestine?»
Selon Sami Aoun, le droit de retour est davantage symbolique et il faudra s'astreindre à accepter des compensations morales ou financières. «Par exemple, si une zone du territoire palestinien est majoritairement occupée par des juifs, on pourrait modifier la frontière pour inclure cette zone en Israël, et l'inverse est également vrai pour les territoires israéliens à majorité palestinienne. Il ne faut pas oublier que de 18 à 20 % des habitants d'Israël sont des Arabes, un pourcentage qui pourrait atteindre 32 % en 2025. Au fond, c'est une crise israélienne. Si Israël avait la possibilité de gérer la démographie galopante des Palestiniens, on ne parlerait même pas d'un État palestinien!»
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